Sur la piste de l'enceinte médiévale Philippe-Auguste, rive droite (1/2)

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Mise à jour le 16/05/2022
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Entre 1190 et 1210, le jeune roi Philippe Auguste décide de faire construire une enceinte autour de Paris. Aujourd'hui encore, pour qui sait ouvrir l'œil, de nombreux vestiges de la muraille sont encore visibles. Partons à leur découverte…Voici le 1er épisode.
Sept enceintes se sont succédé autour de Paris. Si la première enceinte gallo-romaine, construite au IVe siècle, ne couvrait que l'île de la Cité, la ville n'a cessé de s'agrandir pour atteindre les limites actuelles du périphérique.
Ces enceintes et remparts servaient à protéger les habitants des invasions, notamment barbares, et à contrôler les entrées des visiteurs comme des marchandises.

Qui était Philippe Auguste ?

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Philippe Auguste (1165-1223) est un roi du Moyen-Âge issu de la dynastie des Capétiens. Il accède au trône à l’âge de 14 ans. Malgré son jeune âge, il a un sens militaire très développé qui lui permet, par des jeux d’alliances et de trahisons, de quadrupler la taille du royaume de France pendant son règne. Né à Paris, il entretient un lien particulier avec la ville où il aime séjourner lorsqu’il n’est pas en guerre contre les Anglais ou parti en croisade.
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La forteresse du Louvre, une place stratégique face aux envahisseurs marins

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Avant de devenir l'un des plus grands musées au monde, le Louvre était un château royal. Et avant d'être un château, c'était même une forteresse, construite entre 1190 et 1202 pour protéger Paris. Car les envahisseurs qui menaçaient le royaume venaient souvent de l'ouest et remontaient la Seine pour assiéger la ville, comme ce fut le cas entre 885 et 887 avec le siège des Vikings.
Philippe Auguste décida donc de fermer la ville et le fleuve et construisit cette forteresse militaire à l'entrée de la cité. Aujourd'hui, on peut voir deux traces de la forteresse. La première se situe à l'un des angles de la place carrée. Deux « bouches » s'y trouvent : la bouche ronde serait un ancien puits servant à alimenter le donjon en eau, tandis que la rectangulaire serait une citerne utilisée pour stocker l'eau de pluie. La deuxième trace de la forteresse nécessite de rentrer dans le musée du Louvre. Dans l'une des salles du sous-sol, on peut encore y admirer une partie de l'enceinte.

Vestige d'une tour en 50 nuances de gris

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Rive droite, l'enceinte mesure environ 2 800 mètres de long. La muraille était ponctuée de 77 tours cylindriques et semi-cylindriques situées à 60 mètres les unes des autres. Mais pourquoi avoir construit autant de tours ? Les soldats, à l'époque, étaient munis d'arbalètes qui avaient une portée de 30 mètres. Aucun attaquant ne pouvait donc échapper à leurs flèches, et la mission première de l'enceinte, celle de protéger Paris et ses habitants de tous les ennemis du royaume de France, était assurée.
Rue du Louvre, entre les numéros 11 et 13, on peut y admirer le vestige d'une de ces tours. Complètement imbriquée dans les immeubles voisins, elle passerait presque inaperçue… Et montre comme l'enceinte Philippe Auguste a peu à peu été intégrée au tissu urbain.

Attention, une tour peut en cacher une autre

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Bien connue des passionnés de l'époque médiévale, la tour Jean-sans-Peur vaut le détour pour mieux comprendre l'histoire de la dynastie des ducs de Bourgogne. Mais aussi parce que cette tour et le palais des ducs de Bourgogne ont été adossés à l'enceinte Philippe-Auguste. On aperçoit même l'une des 77 tours de l'enceinte dès l'entrée du musée.

Ville fermée ou ville ouverte ?

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Protéger Paris oui, mais vivre en autarcie, il n'en est pas question. C'est pourquoi de nombreuses portes permettent l'entrée et la sortie des visiteurs et des marchandises. Ces portes ont depuis disparu, mais un œil averti pourra repérer ici et là des plaques indiquant leur position.
En se rendant rue Saint-Denis, une plaque rappelle l'existence de la porte aux peintres, située à proximité de l'impasse aux peintres. L'impasse privée suit d'ailleurs le tracé de l'enceinte.

Quand l'absence d'un immeuble indique la présence de l'enceinte…

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Si l'enceinte n'a jamais été entièrement et méthodiquement détruite, elle a progressivement été absorbée par la ville en constante évolution. Certains tronçons du mur ont disparu, mais on peut encore observer son tracé, comme c'est le cas rue Beaubourg. Ici, c'est la maison en brique qui indique implicitement la présence du mur.
Derrière la maison, on devine l'enceinte sans la distinguer réellement. Le musée de la poupée et les immeubles D et E de la cité Noël sont chacun appuyés sur ses pans, la rendant invisible aux passants.

Un mur en trompe-l'œil au musée d'Art et d'Histoire du judaïsme

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L'ancien hôtel particulier de Saint-Aignan n'abrite pas seulement des trésors de la culture judaïque. On y trouve aussi le mur Philippe-Auguste. Mais attention, si on ne sait pas où regarder, on passe à côté sans le voir. Car l'illusion est bien maîtrisée : l'architecte Pierre le Muet, au XVIe siècle, a fait de l'enceinte un « mur renard ». Autrement dit, un faux mur qui reprend les codes esthétiques et architecturaux des murs voisins pour donner l'illusion d'un vrai mur en profondeur.

Marcher sur l'enceinte rue Rambuteau

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Qu'on se rassure, l'enquête sur les traces de l'enceinte n'est pas une épreuve physique. S'il faut souvent lever la tête et plisser les yeux, il faut aussi savoir les baisser ! Dans la rue Rambuteau, après des travaux de rénovation de la chaussée, le parcours de l'enceinte a été matérialisé sur le sol. Après l'hôtel Saint-Aignan, le mur traversait le passage Sainte-Avoye pour ensuite rejoindre le Crédit municipal actuel.

Une tour médiévale en brique ?

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En poursuivant vers la rue des Francs-Bourgeois, il est possible d'apercevoir une tour en brique à l'aspect singulier. Si la partie supérieure en brique date du XIXe siècle, la base de la tour appartient bien à l'enceinte Philippe-Auguste. Pour l'admirer de plus près, il suffit d'entrer dans la cour du Crédit municipal puis de prendre à droite. La tour se trouve au fond d'une seconde cour intérieure, à proximité d'un petit café.
Dans la cour principale du Crédit municipal, le tracé de l'enceinte a aussi été matérialisé sur le sol.

À la porte Barbette, Jean-sans-Peur fit assassiner le duc d'Orléans

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La porte Babette a disparu depuis bien longtemps… Mais le souvenir de l'assassinat du duc d'Orléans, frère du roi Charles VI, demeure. Le soir du 23 novembre 1407, une quinzaine d'hommes envoyés par le duc de Bourgogne Jean-sans-Peur poignardent à mort le duc d'Orléans, son cousin et plus grand rival. Jean-sans-Peur réussit ainsi à consolider son emprise sur le pouvoir royal et se voit confier la supervision du dauphin, le fils de Charles VI.
Toutefois, cet assassinat politique ne lui portera guère bonheur : il finira lui-même assassiné en 1419…

Le plus long tronçon mesure près de 80 m

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L'enceinte poursuit sa route à travers l'école des Hospitalières Saint-Gervais puis dans le jardin des rosiers, où une demi-tour et un morceau du mur sont facilement visibles. La trace de l'enceinte se perd ensuite progressivement. Mais c'est pour mieux la retrouver à proximité du collège Charlemagne.
Là, le mur mesure près de 80 mètres de long. On peut également y admirer une tour relativement bien conservée. Au pied du mur, lycéens et collégiens de l'établissement Charlemagne voisin profitent du terrain de sport.
Sur la rive droite, l'enceinte termine sa course quai des Célestins. Une plaque atteste la présence du mur au n° 32. Pour fermer le fleuve en cas d'invasion, de grandes chaînes en métal traversaient la Seine, bloquant la circulation des navires. Ces chaînes reposaient sur des bateaux qui stationnaient sur le fleuve.

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Pour aller plus loin

  • À la découverte… de l'enceinte de Philippe Auguste, Michel Bastien, Alexandre Gady, Association pour la sauvegarde et la mise en valeur du Paris historique 1996, Impr. Maulde et Renou.
  • Notice sur les anciennes enceintes de la Ville de Paris, Ramond du Pouget, Cécile-Etienne-Bernard, 1826, Impr. J. Gratiot.

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