Focus

"Thanks for nothing" fait tout un art de l'engagement citoyen et colore en vert la Nuit Blanche

Mise à jour le 01/10/2019
Focus sur "Thanks for nothing", une association qui investit la Cité des sciences et de l'industrie pour cette Nuit Blanche 2019. Objectif de la soirée : sensibiliser aux enjeux environnementaux, à travers l’art. A la tête de cette association : cinq femmes qui mettent l'art au service de l'engagement citoyen ou inversement…
Faire le lien entre l’art et le social, c’est le crédo de Thanks for nothing dont le cœur de l'action est de mobiliser les artistes et des associations en organisant des événements artistiques et solidaires ayant un impact concret sur la société. Pour cette édition de Nuit Blanche 2019, leur grande cause est la préservation de la planète en mixant performances artistiques et présence de trois associations. Et les citoyens sont invités à prendre part à cet événement par une action plutôt sympa.
Performance de Michelangelo Pistoletto, "Le troisième Paradis", au musée du Louvre.
Crédit photo : Fondazione Pistoletto/Cittadellarte & Galleria Continua SAN GIMIGNANO/BEIJING/LES MOULINS/HABANA)
En effet, l’artiste italien Michelangelo Pistoletto propose de participer à sa performance devenue célèbre "Le Troisième Paradis" : créer, grâce à une chaîne humaine, le symbole de l'infini. A chaque inscription à la performance : la promesse de planter un arbre. Marine Van Schoonbeek co-fondatrice de Thanks for nothing explique : "Nous allons décompter le nombre de participants après inscriptions et avec le Parti Poétique nous nous engageons après cette Nuit Blanche et sur un an à planter un arbre soit dans leur ferme urbaine de Saint-Denis soit en province où ils ont des antennes. Nous tiendrons évidemment au courant nos inscrits de la plantation de leur arbre." Tentant non ? On s'inscrit ici.
Les arbres apportés par le Parti Poétique pour la forêt de la Cité des sciences et de l'industrie, Nuit Blanche 2019.
Crédit photo : Droits réservés
Côté associations, le Parti Poétique a installé une forêt de 365 arbres (apportés dans des carrioles ou même des sièges bébé de… vélo) et invite le public à prendre connaissance des enjeux de l’agriculture urbaine et participer à des ateliers de plantation. Sont aussi présentes La Cloche, avec son programme "Les Clochettes" qui permet aux sans-abris de renouer un lien social grâce au contact avec l’environnement et TIMMY, une association bénévole née en 2015, qui soutient les mineurs exilés arrivés sans famille en France et les emmène notamment en classes vertes.
Beaucoup d'autres événements pour cette soirée ont été concoctés par l'association, à découvrir en suivant ce lien.

Cinq amies passionnées d'art et d'actions citoyennes

Pour comprendre comment est venue cette idée de mixer monde associatif et monde artistique, il faut revenir deux ans en arrière… L’histoire de Thanks for nothing créée en 2017, commence par l'amitié entre quatre Parisiennes et une Suisse qui travaillent dans le monde de l’art depuis une dizaine d’années. Elles sont directrices, chefs de projets ou programmatrices pour des événements ou dans des institutions de renom (la FIAC, le Musée d’Art moderne, le Centre Pompidou ou le Palais de Tokyo… ). Elles se nomment Marine Van Schoonbeek, Bethsabée Attali, Blanche de Lestrange, Anaïs de Senneville et Charlotte von Stotzingen. Elles sont trentenaires.
En parallèle d’un métier qui les passionne, chacune s’investit dans des actions citoyennes : des cours de français pour étrangers, des actions pour l’environnement, des maraudes et aides aux réfugiés dans Paris, etc. L’une d’elles a même créé "Learning Lions", un programme complet d’éducation et d’accès à l’emploi pour les jeunes des régions particulièrement pauvres et reculées d’Afrique de l’Est.
"We dream under the same sky", premier événement de Thanks for nothing, septembre 2017.
Crédit photo : Florian Kleinefenn
Marine Van Schoonbeek raconte : "Un jour nous nous sommes dit : pourquoi ne pas concilier les deux et mettre notre expertise du monde de l’art au service de l’engagement social ?" Elles se lancent alors bille en tête. Huit mois et beaucoup de soirées et de week-ends plus tard, elles présentent leur premier événement : "We dream under the same sky" : une semaine d’exposition et de conférences au Palais de Tokyo, suivie d’une vente aux enchères par Christie’s à la Galerie Azzedine Alaïa pour soutenir les réfugiés en France et en Europe. Résultat ? Deux millions d'euros levés en une seule vente et reversés intégralement aux cinq associations invités : Migreurop, Anafé, La Cimade, Centre Primo Levi et Thot. L’association Thank for nothing : la plateforme où art et social ne font qu’un seul monde, naît sous les meilleurs auspices.
"We dream under the same sky", premier événement de Thanks for nothing, septembre 2017.
Crédit photo : Florian Kleinefenn
Thanks for nothing se démarque dès le départ par une originalité : les associations sont présentes et tiennent un stand lors de l’exposition, pour présenter leurs actions. Marine explique : "Pour le choix des associations, nous prenons l'attache d'un comité d'experts de ce domaine. Et nous voulons les mettre au même niveau que les artistes. Les artistes en se positionnant différemment dans la société, sont déjà des êtres engagés. Ceux que nous convions bénéficient d’une bonne notoriété. De leur côté, les associations souffrent d’un manque de visibilité, sont parfois inaudibles ou confinées dans un univers déjà convaincu. Faire le pont entre les deux est notre volonté."
En 2018, Thanks for nothing organise "Le pont des échanges" pour Nuit Blanche.
Crédit photo : Martin Argyroglo

Du "Pont des échanges" au "Troisième paradis"

Fortes de ce premier succès, les cinq femmes récidivent pour Nuit Blanche, en 2018 et organisent le joliment nommé "Pont des échanges", sur le pont Alexandre-III : un festival et une collecte géante de biens culturels en soutien aux publics défavorisés. En même temps que des performances d’artistes célèbres, elles mettent en avant cinq associations d’insertion par la culture, de personnes défavorisées. Elles les invitent même à occuper les scènes installées sur le pont, tandis que les artistes se produisent autour. Elles y ajoutent un appel aux visiteurs pour apporter un don : résultat 35 000 ouvrages et 3 500 instruments de musique collectés en une nuit. "Parce que nous croyons vraiment que l’engagement passe par une action et que les gens sont partants pour cela." Apparemment oui. La Fondation Abbé Pierre, L’atelier des artistes en exil, Bibliothèques sans frontières, Cultures du cœur et Music Fund bénéficient de tous ces dons.
Aujourd'hui, on les retrouve donc à la Cité des sciences et de l'industrie avec tout leur projet artistique, solidaire et participatif qui réunit l’art et l’environnement dans l’ensemble des espaces intérieurs et extérieurs de la Cité.

Actions à suivre

Pour finir, Thanks for nothing ("Merci pour rien"), pourquoi ce nom ? Marine reprend : "En fait pour chaque événement créé, on emprunte le nom d'une œuvre à un artiste. Alors pour le nom de notre association on rend hommage à ce long et merveilleux poème éponyme de John Giorno. On trouvait que cela allait bien avec les actions de notre association car on n'a pas besoin de mercis pour être juste humain".
On peut les suivre par là pour se tenir informé des trois projets qu'elles se sont donné pour objectif d'organiser annuellement : une exposition, un festival dans l’espace public et un colloque. Et tout cela volontairement gratuit et accessible à tous. Alors si on ne dit pas merci, on peut quand même dire bravo !
Et en même temps qu'on s'inscrit pour le Troisième Paradis, on peut faire un don à Thanks for nothing en soutien à leurs actions et pour qu'elles puissent en concocter d'autres parce qu'aujourd'hui, elles courent pour chaque événement, à la recherche de généreux mécènes privés. Deux d'entres elles ont même quitté leur poste pour se consacrer bénévolement à l'association. Engagement ? Assurément, pour elles, pas un mot en l'air.

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