Tawhida Ben Cheikh

Actualité

Mise à jour le 30/06/2025

Portrait de Tawhida Ben Cheikh
Médecin et militante pour les droits des femmes (1909 - 2010)

Biographie

Figure de l’émancipation des femmes et du mouvement national pour l’indépendance de son pays, Tawhida Ben Cheikh multiplie les premières fois : première bachelière de Tunisie, première femme tunisienne diplômée de la faculté de médecine à Paris et premier médecin femme à siéger au Conseil national de l’Ordre des médecins en 1959. Orpheline de père, tout commence grâce au soutien de sa mère qui réussit à obtenir de la famille paternelle l’autorisation nécessaire pour qu’elle passe le bac.
Grâce à l’aide d’Étienne Brunet, sous-directeur de l’Institut Pasteur à Tunis, la jeune fille trouve un logement pour venir étudier à Paris. Diplômée en 1936, elle ouvre son cabinet et se spécialise en gynécologie et obstétrique.
C’est le début de son engagement auprès des femmes, de son combat pour la contraception et l’avortement, la jeune médecin prenant notamment la tête de Leïla, revue pour l’évolution et l’émancipation de la femme musulmane nord-africaine.
Il faudra qu’elle attende la fin de la colonisation et du contrôle des services hospitaliers par les autorités françaises pour diriger la maternité de l’hôpital Charles-Nicolle à Tunis en 1955 et créer le premier service de planning familial et la première école de sages-femmes.
En 2020, la Banque centrale de Tunisie a mis en circulation un billet de dix dinars à l’effigie de Tawhida Ben Cheikh, encore une fois elle sera la première femme à avoir cet honneur.
En France, c’est Dominique Voynet, alors maire de Montreuil, qui lui rend hommage un an après sa mort en 2011 avec l’ouverture du centre de santé Tawhida Ben Cheikh.

Aller plus loin

  • Tunisiennes, sur la ligne de front
    Film documentaire, Feriel Ben Mahmoud, 2013.
    Pendant deux ans, la réalisatrice franco-tunisienne a documenté de l’intérieur les bouleversements d’un pays longtemps considéré comme une exception dans le monde arabe : interdiction de la polygamie dès 1956 et plus tard légalisation de l’avortement et du divorce.
    Avec l’arrivée au pouvoir du parti islamiste Ennahdha, ces acquis sont-ils désormais en danger ?
  • Y'a pas d'heure pour les femmes
    Film, Sarra El Abed, 2020.
    Ce court métrage témoigne d’un clivage à l’œuvre actuellement entre les différentes générations de féministes.

Le saviez-vous ?

La Tunisie est le premier pays arabe et premier pays africain à légaliser l’avortement sans conditions en 1973, deux ans avant la France. Cinquante ans plus tard, théoriquement autorisé, ce droit se restreint : pénurie de médicaments, réticences du personnel soignant, inégalités sociales et régionales.
Et à Paris…
En France comme en Tunisie, les mouvements d’émancipation féministes ont joué un rôle clé dans l’amélioration de la santé des femmes. En 1973, les militantes du Planning familial, du Mouvement de libération des femmes et du Groupe information santé créent le Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception (MLAC), avec des médecins, des professionnelles de santé et de simples citoyennes. Mêlant activisme pour la reconnaissance du droit à l’avortement, actions d’éducation populaire sur la contraception et méthodes de désobéissance civile, les bénévoles du MLAC réalisaient des avortements avant la loi Veil de 1975.
Le MLAC offrait aux femmes des espaces de parole et de soutien entre paires, dans lesquels les hiérarchies implicites entre soignants et soignées étaient abolies. Il a contribué à forger la santé communautaire, une approche du soin qui reconnaît l’expertise des premiers et premières concernées sur leur santé, leur corps et leurs besoins, et qui fonde aujourd’hui l’action de la Ville de Paris en santé publique.
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