Faire vivre l'inclusion : pari gagné à l'école Gutenberg

« C’est génial de danser tous ensemble », s’exclame Daïnah. « Mais il ne faut pas crier ni faire de gestes brusques », s’empresse de préciser cet élève de CM1 à l’école Gutenberg (15^e). Chaque vendredi après-midi, depuis janvier, la classe de Daïnah découvre les danses urbaines avec l’Unité d’enseignement élémentaire autisme (UEEA). Des séances encadrées par des animateurs formés à la danse et par des danseurs professionnels de la Fédération française du Sport adapté. C’est « l’inclusion par le mouvement », projet novateur initié par la Ville de Paris.

« Regardez votre partenaire, écoutez la musique… Une idée, un geste ? » lance l’animatrice, Fanny Henriques, qui s’appuie sur des techniques d’imitation et de répétition pour faire danser ensemble les enfants. D’une séance à l’autre, les élèves développent leur motricité et leur créativité, mais plus encore ils expérimentent l’inclusion.

Selon les caractères de chacun, des binômes se sont créés et des liens de confiance se sont tissés. Ici pas de parole. La plupart des enfants en UEEA n’oralisent pas. Le langage qui compte est celui du corps. Des regards s’échangent, des mains s’entrelacent, beaucoup d’attention et une joyeuse complicité s’installe. « L’ambiance est super, on s’amuse beaucoup », confient en chœur Anasse et Héloïse. « Moi je me suis fait un ami, renchérit Maëlys. Il me montre plein de choses et il m’a appris à être moins speed, plus calme, à parler mois fort… »

Responsable éducatif Ville à l’école Gutenberg, Cédric Clément ne cesse d’en faire le constat chaque jour. « La socialisation des enfants avec des troubles autistiques a radicalement progressé depuis que le projet a été lancé. »

Alliant le geste à la parole, Daïnah décrypte les nouveaux codes qui règnent à l’école. « Pour dire non, on fait une croix avec les bras et pour dire oui on lève les pouces. Et on se comprend ! » Résultat, « il y a moins de consignes, moins de contraintes pour les enfants, résume Vanessa Fuchs, professeure des écoles en UEEA. Les regards sur la différence ont profondément changé. » Et c’est sans doute cela la plus belle réussite du projet.

Rien n’aurait été possible sans un encadrement solide tant au niveau scolaire que périscolaire. « Si le projet donne de tels résultats, c’est qu’il est porté une équipe soudée et engagée assurant sécurité et bienveillance pour l’ensemble du groupe. C’est la clé de la réussite », analyse Stéphanie Guerrato, initiatrice du projet et coordinatrice de la mission inclusion de la circonscription des affaires scolaires et de la petite enfance des 7^e et 15^e arrondissements.

Et pas question d’annuler une séance. « On sait que cela manquerait aux enfants et notamment aux enfants autistes qui ont inscrit ce rendez-vous comme un repère temporel très important, souligne Cédric Clément. Alors on trouve des solutions, on organise des remplacements et tout le monde s’adapte. »

Désormais, c’est toute l’école Gutenberg qui attend le spectacle « Le handicap conté par les enfants » que présenteront ensemble les élèves de CM1 et de l’UEEA, en présence des familles et de l'équipe pédagogique.