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Campements de réfugiés: Paris et les associations entendues par le ministère de l’Intérieur

Mise à jour le 04/06/2018
Le ministère de l’Intérieur avait annoncé le 23 mai que l’Etat conduirait « à bref délai » une opération de mise à l’abri des réfugiés présents dans des campements de rue à Paris : celle-ci a eu lieu en deux temps, le 30 mai et le 4 juin. Une réponse à l’appel lancé par la maire de Paris, les associations et de nombreuses personnalités de la société civile.
2300 personnes dormaient depuis plusieurs mois dans des campements de rue : la Ville de Paris salue le choix de l’Etat d’assumer ses responsabilités régaliennes pour l'accueil et l'hébergement des demandeurs d’asile et des réfugiés.

Une opération de mise à l'abri

Le ministère de l’Intérieur avait annoncé le 23 mai qu’il organiserait « à bref délai » une opération de mise à l’abri pour l’ensemble des réfugiés contraints de dormir dans des campements de rues à Paris. Il confirmait à ce titre que l’Etat n’a pas besoin d’une décision de justice pour intervenir. Le 30 mai et le 4 juin, des opérations de mise à l'abri ont eu lieu pour les personnes du camp de la Villette, du canal St Martin et des abords de la porte des Poissonniers.
Migrants au camp de migrants du Millénaire
Crédit photo : Henri Garat/Mairie de Paris
En France, la loi prévoit que la prise en charge des demandeurs d’asile – quelle que soit l’étape à laquelle ils se situent dans leurs démarches – et le respect de l’ordre public relèvent de la compétence de l’Etat. Depuis quatre mois, plusieurs campements de rue se sont développés dans la capitale : cela concerne les portes de la Villette et de la Chapelle, ainsi que les abords du canal Saint-Martin. Mais aucune solution concrète n'a été apportée par les services de l’Etat.

2015-2018: trois ans d'action de la Ville de Paris

  • Début 2015 : première apparition d’un campement de rue, boulevard de la Chapelle. La Ville de Paris met en place un accompagnement social renforcé.
  • Mars 2015 : Anne Hidalgo demande au gouvernement la mise à l’abri rapide des migrants présents sur le campement du boulevard de la Chapelle.
  • Avril 2015 : La Ville de Paris recense son foncier inoccupé pouvant accueillir un centre d’hébergement d’urgence pour les réfugiés et met progressivement ces bâtiments à disposition de l’Etat à titre gracieux.
  • Avril 2015 : La Ville de Paris met en place un Plan d’accueil et d’accompagnement dédié aux mineurs isolés étrangers.
  • 2 juin 2015 : Première opération de mise à l’abri, boulevard de la Chapelle.
  • 9 juin 2015 : Anne Hidalgo adresse un courrier au Ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, pour proposer la création de centres de transit pour les migrants répartis sur le territoire national.
  • Eté 2015 : Apparition de nombreux autres campements donnant lieu chaque fois à des opérations de mise à l’abri.
  • Octobre 2015 : La communauté de Paris – Ville et associations – présentent un plan de mobilisation pour l’accueil des réfugiés, doté de 18 mesures en faveur de l’accueil et de l’intégration.
  • Janvier 2016 : Ouverture du Dispositif d’Évaluation des Mineurs Isolés Étrangers (DEMIE) géré par la Croix-Rouge.
  • Février 2016 : L’ancien lycée Jean-Quarré devient un Centre d’hébergement d’urgence géré par Emmaüs Solidarité.
  • Mars 2016 : Anne Hidalgo propose au gouvernement une nouvelle méthode, qui prendrait la forme d’un guichet unique d’accueil permettant de prévenir l’apparition de campements.
  • Mai 2016 : Dominique Versini, adjointe à la Maire, et Eric Lejoindre, Maire du 18e arrondissement, se rendent à Grande-Synthe pour partager avec cette ville les bonnes pratiques mises en place dans l’accueil des réfugiés.
  • Mai 2016 : Anne Hidalgo annonce la création dans un délai de six mois d’un camp humanitaire aux normes de l’ONU à Paris.
  • 20 juin 2016 : Anne Hidalgo inaugure un centre d’hébergement dédié aux femmes migrantes avec enfants dans des locaux de la Ville de Paris situés à Bourg-la-Reine.
  • Juin 2016 : Dominique Versini se rend en Allemagne pour recenser les bonnes pratiques des élus et des associations humanitaires pour l’accueil des réfugiés.
  • Septembre 2016 : Paris édite un guide pour les professionnels qui interviennent auprès des réfugiés afin d’orienter leurs interlocuteurs vers toutes les structures et actions de la Ville et de ses partenaires.
  • Octobre 2016 : Anne Hidalgo écrit aux Ministres Bernard Cazeneuve et Emmanuelle Cosse pour demander la mise à l’abri des migrants présents sur le campement Avenue de Flandres.
  • 4 novembre 2016 : Mise à l’abri de 3 852 migrants du campement de l’Avenue de Flandres par l’Etat, la Ville et les associations.
  • 10 novembre 2016 : Ouverture du centre de premier accueil humanitaire de Paris - La Chapelle.
  • Janvier 2017 : Ouverture du centre d’hébergement d’urgence de Paris - Ivry dédié aux femmes isolées, couples et familles.
  • Juillet 2017 : Anne Hidalgo soumet aux parlementaires un projet de loi d’orientation et de programmation pour l’accueil des migrants humanitaires et pour une politique nationale d’intégration
  • Mars 2018 : Libération des lieux du Centre Paris-Nord, comme prévu dès l’origine et début des travaux du Campus Condorcet. Reprise en main par l’Etat du dispositif de premier accueil des migrants arrivants sur le territoire parisien.
  • Avril 2018 : Réapparition des premiers campements de rue aux abords de la Porte de la Villette, du Canal Saint-Martin, de la Porte de la Chapelle et de la Porte d’Aubervilliers. Déploiement par la Ville de Paris de nouvelles maraudes mobiles (véhicules type Van, très visible dans l’espace public) pour développer sur les campements des actions de santé, de repérage des vulnérables, d’information, avec le concours des ONG et des Parisiens engagés.
  • Mai 2018 : Plus de 2500 migrants campent dans les rues de Paris. 9eme déplacement d’Anne Hidalgo sur le campement du Millénaire pour demander la mise à l’abri des migrants.
  • 30 mai et 4 juin 2018 : Mise à l'abri des personnes des campements des portes de la Villette, des abords du canal Saint-Martin et de la porte des Poissonniers
  • D’ici la fin 2018 : Ouverture de la « Maison des réfugiés » dédiée à l’intégration de ces derniers. Elle valorisera la richesse de leurs apports et proposera notamment des cours de français aux réfugiés dès leur arrivée sur le territoire parisien.
Une pétition pour un hébergement d'urgence
La maire de Paris, le Défenseur des Droits, l’ensemble des associations du secteur social, le Diocèse de Paris et de nombreuses personnalités de la société civile – Edgar Morin, Alexandre Jardin, Sophia Aram, Jacques Attali, Yann Arthus-Bertrand – ont lancé un appel à l’Etat pour lui demander d’assumer son rôle. Une pétition a également recueilli plus de 25.000 signatures.

Aides d'urgence de la Ville et des associations

Anne Hidalgo au Camp de migrants du Millénaire Quai de l'Allier
Crédit photo : Guillaume Bontemps/Mairie de Paris
En attendant une opération de mise à l’abri, la Ville de Paris et les associations avaient mis en place des aides d’urgence pour répondre aux besoins fondamentaux des personnes sur les campements et accompagner les riverains dont la vie quotidienne a été considérablement bouleversée.
Concrètement : des points d’eau et des sanitaires ont été installés, des barrières de sécurité ont été disposées pour protéger le cheminement aux abords du canal, des distributions alimentaires et des consultations médicales ont été organisées. Des maraudes de travailleurs sociaux ont été déployées quotidiennement sur place, les tournées des services municipaux de propreté ont été renforcées et des barrières de sécurité ont été disposées pour protéger le cheminement aux abords du canal.
2500 nouvelles places d'hébergement d'urgence depuis 2014

Paris compte plus de 34% des places d’hébergement d’urgence de toute l’Ile-de-France. 2500 places ont été créées depuis 2014. Six lieux supplémentaires, pouvant accueillir 1000 personnes ont été proposés en avril dernier par la Ville de Paris au ministère de l’Intérieur.

1 914 places ont également été ouvertes de façon temporaire depuis 2014.

Depuis 2016, Paris consacre chaque année près de 3 millions d’euros de son budget à l’accueil des réfugiés. Pour l’année 2018, ce montant devrait augmenter de manière significative. Ce chiffrage ne tient pas compte de l’investissement de la Ville de Paris pour l’ouverture de places d’hébergement d’urgence.
Chaque année, 5 millions d’euros sont alloués aux projets et propositions des parisien.ne.s dans le cadre de l’enveloppe « Paris Ville Refuge » du Budget participatif.
La Ville de Paris a investi 6,7 millions d’euros pour l’ouverture du Centre humanitaire Paris-Nord et l’Etat 1,7 millions d’euros. Pour l’ouverture du Centre humanitaire d’Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne) pour femmes et familles, la Ville de Paris a mobilisé 6,45 millions d’euros et l’Etat 4,55 millions d’euros.
Chaque année, la Ville de Paris consacre 80 millions d’euros pour l’accueil et l’accompagnement des mineurs isolés étrangers à Paris: un investissement sans précédent en France.
Assistance aux sans-abri au camp de migrants du Millénaire
Crédit photo : Henri Garat/Mairie de Paris

Un dispositif temporaire

Ces dispositifs ne peuvent être que temporaires : la rue n’est jamais une solution. La seule mesure durable est d’orienter ces personnes sans-abri vers un hébergement d’urgence puis de les accompagner dans leurs démarches de demande d’asile en France. L'aide de la Ville et des associations ne peuvent en aucune manière se substituer aux responsabilités de l’État en matière de respect de l’ordre public.
Point d'eau au camp de migrants du Millénaire
Crédit photo : Guillaume Bontemps/Mairie de Paris

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