1 lieu, 3 histoires : l’anneau cyclable Raymond-Poulidor

Longtemps résidence royale, le château de Vincennes (Val-de-Marne) a aussi une longue histoire en tant que place militaire de premier ordre. Si l’anneau cyclable est actuellement surnommé « le Polygone », ce n’est pas – uniquement – en raison de sa forme triangulaire ! En effet, il est situé à quelques dizaines de mètres à l’ouest d’un polygone, un champ de tir aménagé à la fin du XVIII^e siècle. À l’époque, ce ne sont donc pas les cyclistes qui fendent l’air, mais plutôt les balles : on y teste des fusils (notamment le modèle Chassepot, utilisé par l’armée française à partir de 1866).

L’actuel tracé de l’anneau cyclable se trouve en plein dans l’ancien champ de manœuvre : un grand espace pour mettre en pratique des tactiques et des stratégies « à taille réelle ». Mais cet endroit a également accueilli des essais de ballons volants et de dirigeables à partir des années 1870 !

Si les cyclistes de l’Est parisien venaient déjà s’entraîner dans le bois de Vincennes (12^e) dans les années 1960, la boucle la plus populaire s’effectuait alors sur une voie autour du lac Daumesnil. Puis, un tracé plus long a été emprunté massivement par les sportifs via l’université de Vincennes, le Parc floral, le château et la route de la Tourelle, mais la cohabitation avec les automobiles rendait la situation dangereuse.

Pour permettre aux cyclistes de continuer à s’adonner à leur sport en toute sécurité, un anneau cyclable est créé en 1973, avec la fermeture de plusieurs voies à la circulation automobile (route de la Faluère, route Royale-de-Beauté, route Dauphine). Face au succès rencontré, l’emprise de l’anneau est légèrement agrandie en 1978 : le circuit, qui mesure alors 3 140 mètres, n’a pas changé depuis. À l’exception de son revêtement, entièrement refait en 2019.

Impossible de ne pas mentionner Laurent Fignon parmi tous les cyclistes passés par l’anneau cyclable ! Au début des années 1980, ce Parisien, double vainqueur de la Grande Boucle (1983 et 1984), y complète régulièrement ses sorties d’entraînement en réalisant quelques tours. À cette époque, la plupart des cyclistes sont licenciés dans un club et viennent surtout pour récupérer de leur dernière course et préparer la suivante.

Aujourd’hui, venir sur l’anneau cyclable la tête dans le guidon est plutôt l’occasion de se mesurer aux autres coureurs, via l’application Strava. Celle-ci permet de connaître le classement du plus grand nombre de tours réalisés ou encore des meilleurs chronos enregistrés sur le parcours. Et il y a de quoi impressionner : le record est actuellement de 3 minutes et 30 secondes le tour, soit une vitesse moyenne de 53,7 km/h !