Focus

Pollution lumineuse : agir pour limiter ses impacts

Mise à jour le 09/10/2023
Le sacré cœur (18e).
Samedi 14 octobre, c'est le Jour de la Nuit, une opération à l'échelle nationale qui vise à sensibiliser la population à la pollution lumineuse et à ses conséquences. L'occasion de rappeler que, si la lumière artificielle est nécessaire à l’activité humaine et contribue à la beauté de Paris, elle peut nuire à de nombreuses espèces sauvages et affecter la santé humaine.
Ce 14 octobre, pour le Jour de la nuit, opération nationale pilotée par Agir pour l’Environnement, la Ville de Paris programme l’extinction de bâtiments emblématiques.

Les lieux éteints le 14 octobre

Le Sacré-Cœur, l'Arc de Triomphe, l'Hôtel de Ville, l'Académie du Climat, la colonne Vendôme, les colonnes du trône à Nation, le Panthéon, l'Opéra Garnier, les Invalides, la place de la Concorde, le Petit Palais, le pont Alexandre III, le pont Bir-Hakeim et le pont Neuf, et de nombreuses mairies d’arrondissement (sauf celles des 7e, 12e et 19e arrondissements).
Sont aussi organisées des animations autour de la biodiversité nocturne.

Pollution lumineuse et biodiversité

La chouette hulotte
La chouette hulotte
Crédit photo : Bohain / Ville de Paris
Environ 60 % des invertébrés (insectes et papillons) et 30 % des vertébrés (amphibiens, oiseaux et mammifères comme les chauves-souris) vivent la nuit. La lumière artificielle porte préjudice à leurs activités en déréglant l’alternance jour/nuit. Elle affecte également le métabolisme du corps humain.
La lumière artificielle, du fait de son pouvoir attractif ou répulsif, altère la mobilité des espèces en modifiant la fréquence et la temporalité de leurs déplacements. Elle dégrade aussi la qualité des habitats nocturnes : attirées par la source lumineuse, les espèces sortent de leur habitat de prédilection pour se retrouver dans un nouvel habitat.
Elle peut aussi faire office de pièges : les espèces volant autour de la source lumineuse jusqu’à l'épuisement peuvent être capturées par un prédateur ou brûlées par la chaleur émise. Un lampadaire peut tuer en une nuit jusqu’à 200 insectes nocturnes.
Les zones d'éclairage artificiel créent également des ruptures dans le noir de la nuit et constituent des barrières infranchissables pour certains animaux. Elles peuvent contrarier les corridors de déplacement en créant une dépense énergétique plus grande, aux dépens d'autres activités comme l'alimentation ou la reproduction.
L’incidence de la lumière artificielle est plus grande encore sur la flore, car elle accélère le bourgeonnement des fleurs qui croissent par photosynthèse.
Les scientifiques recommandent des températures de couleur proches de 1800K et de nombreuses collectivités utilisent des « LEDs ambrées » à 2200K pour protéger la biodiversité. Les espèces animales sont moins affectées par les bandes spectrales autour du jaune et de l’orange (correspondant aux températures plus chaudes à 2200K et en dessous).

Des dommages aussi sur la santé humaine

Les dommages de la lumière artificielle nocturne sur la santé sont sévères et n’altèrent pas uniquement le sommeil. Même à faible intensité, elle porte atteinte aux fonctions visuelle et non visuelle de la rétine, ainsi qu’au métabolisme global du corps humain, en rapport avec la bande bleue (380- 500 nm) du spectre lumineux.

Paris engagée contre la pollution lumineuse

Le renouvellement du marché d'éclairage public, en novembre 2021, a permis à la Ville de renforcer ses prérogatives et d'être accompagnée dans l’atteinte des objectifs d’économies d’énergie définis dans son Plan Climat Air Énergie Territorial (PCAET).

Les mesures emblématiques

  • Suppression de 2000 points d’équipements lumineux pour supprimer la lumière perdue vers le ciel ou vers les végétaux.
  • 100 % des espaces verts équipés en LED d’ici 2026 (aujourd’hui 55 %), soit environ 30 % d’économies d’énergie. Dans tout nouvel espace vert, la mise en place d’un éclairage est étudiée dans le but d’éclairer au plus juste et dans la limite du nécessaire pour assurer l’accessibilité et la sécurité. Les luminaires éclairant vers le ciel seront progressivement supprimés. Et les flux lumineux orientés vers les végétaux dans tous les projets sont interdits.
  • 100 % des espaces verts fermés éteints la nuit en 2026.
  • Création d’une « trame nocturne » et choix d’une couleur plus « chaude » dans les trames vertes et corridors écologiques, en réduisant la température de couleur des LED de 3000 à 2200 kelvin. L’objectif de la trame noire est de préserver ou recréer un réseau écologique propice à la vie nocturne. Un ensemble connecté de réservoirs de biodiversité et de corridor écologiques est noir la nuit.
  • Renouveler 12 000 supports, candélabres et consoles, remplacer 70 000 lumières par des LED, 60 000 feux tricolores et plus de 500 kilomètres de câbles. Les 70 000 lumières remplacées sont l'équivalent du parc lumineux de Marseille. Des systèmes d’éclairage intelligent avec détection de présence sont aussi en phase de déploiement.

Un cadre réglementaire renforcé

Au 1er novembre 2023, plusieurs dispositifs lumineux non essentiels devront être éteints entre 23 h 45 et 6 h du matin :
  • Les panneaux publicitaires numériques situés sur la voie publique ;
  • Les panneaux informatifs de la Ville nécessitant un affichage électrique ou électronique, à l’exception des panneaux d’affichage destinés à l’information de la collectivité, à l’information relative à la sécurité routière et à l’information relative à l’accès aux droits ;
  • Les éclairages de bâches publicitaires, y compris si ces bâches sont situées sur un bâtiment non administratif, lorsqu’elles sont visibles depuis l’espace public ou si ces éclairages ont un impact lumineux dans l’espace public.

Le protocole de sanction des infractions

Les sanctions pénales, prévues en cas de non-respect de l’extinction des enseignes et publicités lumineuses publiques ou privées, ont été renforcées par le décret 2022-1294 avec l’instauration d’une contravention de 5e classe (amende de 1500 €).
La Ville a également la possibilité de recourir à des sanctions administratives pour le non-respect des extinctions lumineuses, dans le cadre de l’article L 583-5 du code de l’Environnement (LOI n° 2021-1104 - art. 19), qui donne la possibilité d’une extinction aux frais du contrevenant, d’astreintes journalières jusqu’à 200 € et totalisant jusqu’à 20 000 €.
Des signalements peuvent être faits sur l’application Dans Ma Rue : les services vérifieront la présence d’infraction et pourront procéder aux sanctions là où nécessaire.

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