La vision d'un ballet incessant de voitures aux alentours de la tour Eiffel ne sera bientôt qu'un mauvais souvenir. Réduire la place de ces véhicules est l'un des objectifs du plan de transformation du secteur Trocadéro-Pont d'Iéna, qui compte redonner une place centrale aux piétons, aux vélos et au végétal. Les travaux de cette opération de réaménagement devraient débuter dès la fin des Jeux de Paris 2024, à l'automne.

Cette place, dont le nom résonne aux quatre coins du monde, va se transformer : en son cœur, 4000 m² végétalisés s'offriront aux piétons. De quoi permettre aux habitants de se réapproprier le lieu et de bénéficier d'une vue imprenable sur la tour Eiffel. Le reste de la place sera aménagé afin d'offrir davantage d'espace aux vélos, aux bus et aux véhicules de secours.

La circulation sera reportée au nord de la place du Trocadéro, dans une configuration de fer à cheval, et le sud du rond-point existant sera fermé à la circulation. On comptera cinq voies de circulation (trois sur l'anneau intérieur dont une pour les « tourne-à-gauche » et deux sur l'anneau extérieur). La promenade du Trocadéro jusqu'au pont d'Iéna, menant à la tour Eiffel, sera également apaisée grâce à un espace planté semi-piétonnisé.

Les voitures n'auront plus leur place sur ce lieu, déjà fréquenté quotidiennement par 50 000 piétons. Le centre du pont accueillera une zone piétonne, avec une perspective sur la tour Eiffel. De chaque côté de cet espace piétonnisé, dans une configuration symétrique, une file de circulation pour les bus, les vélos et les véhicules de secours sera installée.

Cette place, située entre le Trocadéro et le pont d'Iéna, va devenir une zone piétonne. Seuls les véhicules de secours et les transports en commun pourront accéder à une partie de la place, le reste de la circulation sera réorienté en sous-sol. L'avenue des Nations Unies (vers Avenue d'Iéna, côté Est) sera dédiée aux véhicules de secours et de santé ainsi qu'aux transports en commun et aux vélos. Tandis que le côté Ouest de l'avenue et le pourtour de la fontaine seront dédiés aux piétons, tout en restant accessibles aux véhicules de secours et de santé et aux vélos.

À la fin de l'année 2023, la Ville a actualisé ses études de report de circulation pour intégrer les demandes de la préfecture de police, notamment en termes d'accès des véhicules de secours. Sur ce point, les études montrent que le projet d'aménagement Trocadéro-Iéna n'engendrerait aucune dégradation de l'accès, au contraire. Il permettrait de faciliter l'accès des secours sur certains itinéraires : sur le pont d’Iéna et la place de Varsovie, ainsi que sur l’avenue J. Bouvard, grâce à la fermeture des axes à la circulation générale et à la création des voies dédiées aux transports en commun et véhicules d’urgence et de santé.

Quant à la circulation de voitures, leur trafic diminuerait sensiblement sur la place du Trocadéro (-15 %) et les pourtours du Champ de Mars. Les études font état de reports de trafics moindres sur les autres axes, avec une légère augmentation sur le pont de l'Alma et le pont Bir-Hakeim, sans provoquer pour autant de congestion ou de saturation.

Le projet d'aménagement du secteur Trocadéro-Iéna s'inscrit dans une politique de réduction de la place de la voiture dans l'espace public, menée par la Ville de Paris depuis dix ans. Elle s'est déjà concrétisée par la piétonnisation des Rives de Seine, de la place de la Bastille ou de la place de la Nation. Motivée par l'envie d'apporter un cadre de vie apaisé aux Parisiens, cette politique l'est également par l'urgence climatique et la nécessité de diminuer la pollution pour préserver la santé des habitants. Ce travail porte déjà ses fruits puisqu'entre 2011 et 2021, on a observé une baisse de plus de 45 % de la pollution à proximité du trafic routier, ce qui a permis de réduire de 40 % la mortalité annuelle liée à la pollution de l'air.

Les études conduites dans le cadre de ce projet de réaménagement projettent un effet positif sur la pollution comme sur la santé publique. On devrait notamment observer une baisse significative des concentrations en NO2 (le dioxyde d'azote, un gaz émis par les véhicules essence et diesel, nocif pour la santé respiratoire à court et long terme) et des concentrations en particules fines.

Lutter contre la pollution est également un levier de la préservation du patrimoine architectural de Paris. L'Unesco (Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture) établit un lien direct entre la réduction de la place de la voiture et la protection du patrimoine. L'organisme estime également que la pression des véhicules sur les biens du patrimoine présente des menaces majeures pour leur valeur universelle exceptionnelle et leur authenticité.

Pour le secteur Trocadéro-Iéna, la mise en valeur et la sauvegarde du patrimoine ne se limitent pas à réduire la pollution. Les abords de la fontaine de Varsovie ont d'ores et déjà été restaurés, tout comme les statues du pont d'Iéna. En se piétonnisant, la place du Trocadéro sera plus valorisée que jamais et, vidé de ses voitures, le pont d'Iéna offrira une perspective dégagée sur la tour Eiffel.