« Des anecdotes sur ma passion pour la mode, j’en ai des tonnes », s’amuse Amandine Lavergne, ingénieure en reconversion professionnelle vers la couture. Petite fille, elle se hissait derrière les fenêtres de l’atelier de confection de parapluies de son village du Cantal. Ce ballet de petites mains qui s’animaient la fascinait. Il y avait les merveilleux costumes de la Bayadère, ballet du répertoire de l’Opéra de Paris, qui la laissent encore sans voix.

Ingénieure dans l’audit, Amandine a toujours fait savoir son admiration pour les stylistes Azzedine Alaïa et John Galliano. Pendant ses études scientifiques, elle s’accordait une bouffée d’air en suivant les défilés de la Fashion Week sur les blogs. La passion pour la mode de cette ingénieure diplômée de l’école centrale de Nantes n’était plus à prouver. Restait désormais à passer le cap d’un changement de métier à 180°.

C’est ici que les cours d’adultes de Paris (CPA) entrent en jeu. « J’avais beau être passionnée, je n’osais pas travailler dans la couture à coté de mon métier, ou lancer mes créations, reprend Amandine, parisienne du 17^e. Une amie m’avait parlé des cours de la Ville de Paris. Ce fut le déclic, l’occasion de passer à la pratique en étant accompagnée. »

Mi-août 2018, Amandine s'inscrit en ligne sur scap.paris.fr. Elle est retenue au cours d’histoire du costume depuis l’Antiquité, au lycée Turquetil (11^e) de 18h30 à 21h30. « J’ai appris énormément de choses sur l’importance de l’habit dans la société. Grâce à cet enseignement, j’ai eu accès à un contenu de qualité avec un excellent professeur, passionné de broderie, toujours prêt à nous partager son savoir. »

En 2020, elle précise son projet de reconversion et intensifie sa formation. « J’avais 30 balais, je devais me lancer sinon je n’allais jamais le faire. » Elle postule à nouveau aux cours du soir sur internet et motive son projet de reconversion. Elle est retenue à la préparation au CAP "vêtement flou" au lycée Octave-Feuillet (16^e), avec en plus un cours de stylisme et de design textile. « L’équipe des cours pour adultes m’a donné ma chance. Lors de l’entretien, elle a compris que ce n’était pas une lubie la couture, que je comptais, quoi qu’il arrive, réussir dans ce métier. »

5 soirs par semaine, Amandine apprend les techniques de la machine à coudre industrielle, les points à la main, les savoir-faire du prêt-à-porter et de la haute couture, la broderie, le design textile et le modélisme. « La responsable passait tous les soirs dans notre cours, pour qu’on sache qu’on pouvait compter sur elle. J’ai eu la chance de côtoyer des mains incroyables de Paris, des anciennes de chez Chanel, des professionnelles amoureuses de leur métier. »

Jusqu’alors experte en analyse de risques auprès d’un assureur, elle s’investit à 100% dans sa formation et démissionne de son poste d'ingénieure en audit en mars 2020. Le soir, elle absorbe les techniques et le jour, elle pratique ses points en stage dans des ateliers. En parallèle, elle passe ses après-midi à la bibliothèque Forney, spécialisée dans l’artisanat, à se documenter.

En juin 2021, elle décroche son CAP "vêtement flou", pour les robes et autres habits en mouvement. Amandine poursuit son rêve de travailler dans le milieu de la mode, après six ans à son poste d’ingénieure de contrôle. « La conception me manquait trop. Je dessine depuis toujours des silhouettes, des habits, des costumes. Je ne voulais pas retourner à l’ingénierie. Pendant tout ce temps, je me projetais, je n’arrêtais pas de penser à la mode. »

Encore peu sûre d’elle pour se lancer, Amandine entame à la rentrée 2021 un cursus de formation de modéliste à l’Académie internationale de coupe de Paris (AICP), dans le 15^e. Et tous les soirs, elle poursuit les cours d’adultes du CAP broderie et de costume historique et corseterie. Aujourd’hui, Amandine poursuit son parcours dans le modélisme à l’AICP avec un cursus en deux ans pour devenir « première main ». Dans ce cadre, elle cherche actuellement une alternance de première main débutante pour se perfectionner.

« Les cours d’adultes m’ont donné un cadre pour explorer, et je l'ai ensuite approfondi grâce à l'AICP et à mes recherches personnelles. Accompagnée de formateurs bienveillants, j’ai eu accès à des savoirs normalement réservés aux initiés, ainsi qu'à un réseau de personnes de confiance. »

Amandine est fière de tous ces savoirs : « Rien ne m’arrêtera, je vais y arriver, assure-t-elle. Je sais que je serai bonne, j’ai l’énergie et les qualités pour. Je vais faire ma main en intérim puis ensuite, je tirerai vers le haut les ateliers avec ma motivation et mon envie d'innover. Ce n’est pas possible autrement ! ».

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