Rencontre

De Barbès à l’Arena, le rêve paralympique de Sofyane Mehiaoui

Mise à jour le 22/01/2024
Sofyane Mehiaoui  lors d'un entraînement du club Paris Basket Fauteuil, Gymnase des fillettes, 18e.
Le meneur de l’équipe de France de basket-fauteuil a grandi à Paris, où il a créé un club dédié à cette discipline, rassemblant joueurs handicapés et valides. Ils s’entraîneront prochainement à l’Adidas Arena, qui ouvre bientôt à la porte de la Chapelle (18e).
« Il fait froid, alors commencez par faire des petits slaloms pour bien vous échauffer. » Sofyane Mehiaoui donne quelques conseils en ce début d’entraînement au gymnase des Fillettes (18e). Sur le parquet, la température hivernale n’a pas refroidi l’enthousiasme de la quinzaine de joueurs en fauteuil, tous rassemblés pour leur session hebdomadaire. Bienvenue au Paris Basket Fauteuil (PBF), le club fondé par Sofyane il y a trois ans !
Avec un espoir : jouer à l’Adidas Arena, qui ouvre bientôt ses portes à 100 mètres de là. « On devrait s’entraîner dans l’un des gymnases de l’Arena dès cette année, explique le créateur de PBF, très attentif aux conditions d'accessibilité pour tous les sportifs. J’espère que cette infrastructure permettra un meilleur accès au sport pour les jeunes en situation de handicap. Il y a le tramway, les bus, et le RER E n’est pas loin : c’est un atout pour ceux qui ne peuvent pas venir par leurs propres moyens. »

Paris, le retour aux sources

Fonder un club à Paris ? Une évidence pour l’emblématique joueur de l’équipe de France de basket-fauteuil : « J’ai grandi dans le 18e arrondissement, d'abord à Barbès, puis à Stalingrad, confie-t-il. J’étais scolarisé rue de la Guadeloupe, dans une école qui accueillait des enfants en situation de handicap. »
Atteint par la poliomyélite après sa naissance, il perd l’usage de ses jambes et se déplace très jeune en fauteuil roulant. Pas de quoi freiner le jeune Sofyane : « Mon prof de sport adaptait tous les sports possibles au fauteuil : du ping-pong, du baseball… Un jour, il nous a emmenés voir un match de l’équipe de France de basket-fauteuil et j’ai tout de suite aimé ! »
À 18 ans, il intègre son premier club : le Capssa Paris, dans le 15e arrondissement. Avant de multiplier les expériences en France (à Corbeil-Essonnes, Meaux, Hyères…), et surtout en Italie et en Turquie, où il conquiert notamment la Coupe des clubs champions en 2013 et 2014 avec le Galatasaray, la formation d’Istanbul. « J’ai même joué six mois en Australie ! » sourit-il.
Les Jeux paralympiques en ligne de mire
En avril prochain, les Bleus tenteront de décrocher leur billet pour les Jeux paralympiques de Paris lors d'un tournoi de qualification à Antibes. « On a une belle équipe, cela va être serré, mais on va tout donner pour se qualifier pour les Jeux », confie Sofyane Mehiaoui. Les épreuves de basket-fauteuil des Jeux paralympiques auront lieu à l'Arena Bercy.

Une volonté à toute épreuve

En 2021, c’est le come-back dans l’Hexagone : « En revenant en France, je pensais déjà à la préparation des Jeux paralympiques de 2024 », reconnaît en souriant le meneur de jeu de l’équipe de France.
Il concrétise alors son rêve de club grâce à la mairie du 18e, de nombreux partenaires… et une volonté à toute épreuve. Achats et réparations des fauteuils adaptés, déplacements des joueurs, recherche de financements… Il se démène pour la trentaine de licenciés du Paris Basket Fauteuil.
Car, pour jouer, le matériel coûte cher : 900 euros pour un fauteuil d’initiation, et jusqu’à 10 000 euros pour les modèles de compétition. Après les premiers achats de fauteuils pour lancer le club, Sofyane a donc monté un mini-atelier de réparation dans un local du gymnase !

Quand je passe deux heures à jouer au basket-fauteuil, j'oublie tous mes soucis du quotidien.

Nicolas
membre du Paris Basket Fauteuil
« L’engagement de Sofyane montre à tous les jeunes en situation de handicap ce qu’ils peuvent réaliser, salue Nicolas, 42 ans, qui vient du 11e arrondissement pour s’entraîner chaque semaine. Il y a une dimension humaine très forte dans ce club, qui dépasse le sport. » Pour Nicolas, le basket-fauteuil est devenu une passion : « Je suis en partie paraplégique, je ne peux ni marcher ni courir normalement. Quand je passe deux heures à jouer au basket-fauteuil, j’oublie tous mes soucis du quotidien. »

Pourquoi tester le basket-fauteuil ?

« C’est un sport complet qui demande de la force pour déplacer le fauteuil, et de l’adresse : les paniers sont à la même hauteur que pour le basket, à 3,05 mètres du sol », détaille Sofyane. Le principe est d'ailleurs le même qu’au basket « classique » : deux équipes de cinq joueurs s’affrontent pendant quatre périodes de dix minutes. L’équipe ayant marqué le plus grand nombre de points remporte le match.
« C’est un sport collectif qui demande beaucoup d’intelligence de jeu, car il faut attaquer et défendre à cinq. C’est aussi le sport le plus développé dans le monde handisport : il y a une soixantaine de clubs en France, plusieurs championnats, quatre coupes d’Europe, les championnats d’Europe, les championnats du monde, les Jeux paralympiques… »
Autre spécificité : les filles et les garçons jouent parfois dans la même équipe, ce qui est le cas au PBF. « C’est un sport où filles et garçons jouent ensemble, car il n’y a pas assez de filles pour le moment pour créer un championnat féminin français », précise Sofyane.
Son espoir ? « J’espère que d’autres clubs de basket-fauteuil vont ouvrir à Paris, par exemple dans le sud-est de la capitale. Il n’est pas normal qu’un jeune fasse autant de kilomètres pour trouver un club. »
Un sport adapté pour tous
Au basket-fauteuil, chaque joueur a une classification en fonction de son handicap, qui va de 1 à 4,5. Par exemple, un joueur paraplégique est classé 3,0. En France, la somme des cinq joueurs ne doit pas dépasser 14,5 points (ce total est de 14 points pour les matchs internationaux).
Pour certaines compétitions françaises, et en clubs, les joueurs valides peuvent jouer aussi au basket en fauteuil roulant : on leur attribue alors 5 points.

>En savoir plus sur les règles du basket fauteuil
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