Baignade dans la Seine : comment sera mesurée la qualité de l’eau ?

Pour une baignade dans la Seine en toute sécurité, la qualité de l’eau doit répondre aux recommandations de l’Agence régionale de santé (ARS), qui assure un contrôle sanitaire durant la saison estivale, conformément au Code de la santé publique et aux directives européennes.

Ce contrôle porte sur la qualité microbiologique de l’eau, à travers deux indicateurs, Escherichia coli et les entérocoques, dont la présence peut signaler des germes pathogènes, via des analyses régulières, microbiologiques et physico-chimiques. C’est la conformité à ces critères qui déterminera chaque jour si la baignade est autorisée dans la Seine sur les trois sites parisiens : Bras-Marie (Paris Centre), Bras de Grenelle (15^e) et Bercy (12^e).

La Ville de Paris adopte par ailleurs une stratégie de surveillance quotidienne des installations aux abords des quais en complément d’analyses de l’eau. Pour garantir une prise de décision rapide et cohérente, est aussi mise en place une astreinte « d’experts qualité d’eau » afin d’analyser les données.

Différents prélèvements seront effectués selon différentes méthodes afin de suivre la qualité du fleuve conformément aux recommandations de l'Agence régionale de santé (ARS). Chaque jour, sur les trois sites de baignade et à l’entrée de Paris, des échantillons d’eau seront prélevés et analysés en laboratoire selon des protocoles normés. Les résultats, exprimés en concentrations de bactéries, permettront de vérifier la conformité aux seuils de baignabilité. En complément, les modélisations issues des profils de baignade permettent d’estimer la durée de dégradation de la qualité de l’eau en fonction de différents types de pluie.

En sus des analyses en laboratoire, la Ville de Paris a choisi la technologie ColiMinder, un dispositif automatisé de surveillance bactériologique, dont l’utilisation s’est révélée concluante pendant les épreuves des Jeux olympiques et paralympiques.

Cet appareil peut détecter en 15 à 20 minutes la présence de bactéries comme E. coli ou les entérocoques, contre 24 à 48 heures pour une analyse classique en laboratoire. S’il ne permet pas de statuer directement sur la conformité d’un échantillon selon les normes en vigueur (exprimées dans une unité différente), il sert de système d’alerte précoce : sa réactivité offre un délai suffisant pour prévenir les zones de baignade situées en aval avant qu’une pollution bactériologique n’atteigne les sites.

L’ouverture et la fermeture des sites de baignade, signalées par les drapeaux vert ou rouge directement sur site et sur le site internet, sont décidées par les experts de la Ville de Paris en s’appuyant sur un logigramme décisionnel et une plateforme centralisant toutes les données clés recueillies.

La décision sera prise en fonction de plusieurs sources d’information :

La gestion des baignades reposant sur un principe de précaution renforcé, certaines fermetures pourront être décidées même si la qualité de l’eau reste conforme aux seuils réglementaires. Par exemple, un événement pluvieux pourra entraîner une fermeture préventive de 24 à 36 heures, tout comme un dépassement des seuils d’alerte des capteurs ColiMinder, même en l’absence de confirmation par analyse en laboratoire.

Conformément aux recommandations de l’ARS, un dépassement confirmé en laboratoire nécessitera l’obtention d’un nouveau résultat conforme avant toute réouverture. Cela implique un délai minimum de 24 heures entre le retour à la normale et la réouverture possible des baignades.

Les bactéries sont introduites dans les cours d’eau par divers rejets polluants : eaux usées, ruissellements urbains ou agricoles, notamment en cas de fortes pluies. Quand les réseaux d’assainissement arrivent à saturation, l’excédent d’eau est redirigé vers la Seine pour éviter les débordements dans les rues.

Pour limiter ces déversements, la Ville de Paris a construit plusieurs bassins de rétention, dont celui d’Austerlitz, qui peut stocker jusqu’à 50 000 m³ d’eau. Ces infrastructures permettent de conserver temporairement les eaux excédentaires, qui seront ensuite traitées avant d’être rejetées dans le fleuve.

Par ailleurs, une autre source de pollution provenait des péniches et établissements flottants qui, jusqu’à récemment, n’étaient pas tous raccordés au réseau d’assainissement. Après des travaux de mise aux normes et de réglementation, depuis l’été 2024 et dans Paris, 100 % d’entre eux sont désormais connectés aux canalisations parisiennes, mettant fin aux rejets directs d’eaux usées dans la Seine.