Le bassin d'Austerlitz, cathédrale souterraine pour assainir la Seine, a été inauguré

C’est un chantier titanesque qui voit le bout du tunnel, après trois ans de travaux menés par la Ville de Paris. Jeudi 2 mai, le bassin d’Austerlitz a été inauguré en présence de la maire de Paris, de la ministre des Sports et des représentants de Paris 2024, entre autres. La mise en service effective est prévue fin mai.

Derrière la gare d’Austerlitz, entre l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière et le métro aérien de la ligne 5, cet immense bassin de rétention doit permettre d’éviter le déversement d’eaux non traitées dans le fleuve et son affluent, la Marne, en cas de fortes pluies. L’objectif : rendre la Seine et la Marne propices à la baignade pour les Jeux de Paris 2024 et y installer des sites pérennes dès 2025.

Pour ce faire, l’ouvrage a nécessité des moyens considérables : durant six mois, le tunnelier Sequana a creusé, creusé et encore creusé sous le square Marie Curie (13^e)… jusqu’à 34 mètres de profondeur. Le terrassement s’est achevé fin juin 2023.

Le bassin de rétention pourra contenir jusqu’à 50 000 m³ d’eaux usées et pluviales, soit l’équivalent de 20 piscines olympiques. Jusqu’ici, ces eaux étaient évacuées dans la Seine via 44 déversoirs d’orage pour éviter la saturation des égouts. Il est composé d’un cylindre de 50 mètres de diamètre et 30 mètres de profondeur, muni de 16 piliers qui s’enfoncent jusqu’à 80 mètres sous terre.

Le bassin permettra d’éviter les déversements d’eaux usées dans la Seine en cas de fortes pluies. Cet excédent d’eau s’écoulera ensuite progressivement dans le réseau d’égouts pour être traité en station d’épuration.

Le projet est cofinancé par la Ville de Paris, l’Agence de l’eau Seine Normandie et le Syndicat interdépartemental pour l’assainissement de l’agglomération parisienne (SIAAP).

En trente ans, les rejets ont déjà été réduits par dix, grâce à l’automatisation et à la supervision du réseau. Ce chantier d’Austerlitz devrait permettre de réduire le nombre de jours de déversement par dix.

Autrement dit, ce ne sera plus que très rarement, en cas d’orage, que Paris ouvrira ses déversoirs. Les bénéfices pour la biodiversité et la qualité du fleuve seront donc très importants. Actuellement, on compte déjà dix fois plus d’espèces de poissons dans Paris que dans les années 1970, soit 32 contre 3.

À terme, l’ouvrage sera entièrement dissimulé dans le tissu urbain. Si le bassin lui-même a été installé à la place du square Marie-Curie, celui-ci sera réimplanté et agrandi à l’issue des travaux. Pour cela, la dalle de couverture a été coulée à 4 mètres en dessous du terrain naturel et sera recouverte de substrat végétal. Le nouvel espace vert fera plus d'un hectare, et deviendra l'espace vert majeur du secteur de la Gare d’Austerlitz, avec des arbres et des surfaces de pelouse. La première phase d'aménagement débutera à l’été 2024. Une deuxième phase de travaux interviendra entre 2028 et 2029, avec notamment, la création d’une aire de jeux au sein du square.

Jeudi 2 mai, en préambule de l'inauguration, Anne Hidalgo a dévoilé une plaque commémorative en mémoire d'Amara Dioumassy, mort le 16 juin 2023 sur le bassin d'Austerlitz, percuté par un camion de chantier. Cette plaque prendra place dans le futur jardin créé sur la dalle du bassin d'Austerlitz.