Ville de Paris

Le saviez-vous ?

Une expo qui donne envie d’aller au bistrot

Mise à jour le 20/04/2023
Jusqu'au 31 mai, l’exposition « Au bonheur des bistrots » présente 42 photographies de Pierre Josse et Pierrick Bourgault sur les grilles et dans la boutique de l’Hôtel de Ville de Paris. L’occasion de rencontrer les photographes, amoureux de ces lieux de vie qui font la richesse de Paris, et de revenir aux fondamentaux du bistrot.
Pour leur convivialité, pour le lien social qui s'y crée, pour leur ambiance sans frontières, Pierrick Bourgault et Pierre Josse sont amoureux des bistrots depuis toujours. Ils nous offrent une exposition de photos où les noirs et blancs de Pierre se mêlent aux couleurs de Pierrick. On leur a posé quelques questions.

Pour les Montmartrois, pas de doute possible, le mot « bistro » est né chez la Mère Catherine, petit restaurant de la place du Tertre fondé en 1793… Qu’en est-il vraiment ?

On raconte en effet qu’en 1814, au moment où Paris est occupée, les Cosaques fréquentent le lieu et pour être servi rapidement, ils répètent « bistro ! bistro ! » qui se traduit par « vite ! vite ! ». Mais si l’histoire est sympathique, cette étymologie est fantaisiste et l'origine réelle du mot n'est pas connue avec certitude.

Quand le mot « bistro » apparaît-il réellement ?

Le mot apparaît en 1884 dans les « Souvenirs de la Roquette » de l’abbé Moreau, où il est même doté d'une note de bas de page qui explique « marchand de vin ». À ma connaissance, il n'y a pas de citation écrite plus ancienne, et le mot devait être assez nouveau pour que l'auteur éprouve la nécessité de l'expliquer. Ainsi le « bistro » désigne d’abord le propriétaire de l’établissement. Il viendrait du Poitou où le « Bistraud » désigne un petit domestique ou un marchand de vin. Le bistro avec ou sans T (on parlait d’ailleurs de bistrote si c’était une femme) désignait donc le tenancier du bistrot aussi bien que l'établissement où l’on sert du vin.

Ce sont les Auvergnats qui ont transformé le bistrot en petit restaurant ?

Lors de la Révolution industrielle, les Auvergnats - les fameux bougnats - quittent leurs terres pauvres du Massif central et montent à Paris. Après avoir exercé la profession de porteur d'eau et de chiffonnier, ils s'orientent vers le commerce du bois, de la ferraille, du charbon (livré à domicile) et des boissons (vin, spiritueux, limonade). On appelait alors ces lieux les cafés-charbons. Voulant élargir leur clientèle, ils proposent peu à peu une petite restauration.

Et aujourd’hui, c’est quoi un bistrot pour vous ?

On peut distinguer le bistrot du restaurant ou de la brasserie. Le bistrot propose des boissons et une restauration rapide qui peut être servie au bar. C’est un lieu ouvert à toute heure où l'on peut venir manger des petits plats typiques, voir mythiques, comme les œufs-mayo, le steak tartare, la bavette de bœuf, la blanquette de veau ou le croque-monsieur. Et finir par une île flottante ou une crème brûlée…

Il faut un comptoir pour faire un bistrot ?

C'est indispensable, oui ! Un bistrot a toujours un comptoir qu’on appelle souvent le zinc. Même s'il n’a jamais été fait de zinc, mais d’étain ou simplement de bois, parfois recouvert de formica. En 1930, Marcel Nectoux ouvre un atelier de comptoir, rue de Charonne à Paris. Depuis, ce savoir-faire s'est transmis sur trois générations. Il raconte d’ailleurs que cette étymologie du zinc remonte à la Seconde Guerre mondiale. Les Allemands ont démonté les comptoirs en étain. Ils le recherchaient pour réaliser les soudures de leurs radios et autres appareils électroniques à lampes - déjà, l'importance de la télécommunication ! L’étain se traduisant en allemand « Zinn », ces fameux comptoirs en étain vont alors prendre le nom populaire de « Zincs ».

C'est d'ailleurs au comptoir que les rencontres et les mélanges de population sont possibles ?

Oui c'est un peu la clé de voûte du bistrot, car les gens s’y côtoient de façon informelle. Toutes les catégories sociales se mêlent au bistrot, ce qui fait leur richesse. C'est un lieu où l'on peut venir sans distinction de classe ou d'origine. Comme dit Alain Fontaine, le président de l'association pour la reconnaissance de l’art de vivre dans les bistrots et cafés de France en tant que patrimoine culturel immatériel, « les bistrots sont d'utilité sociale et ce sont elles les vraies « lumières de Paris ». Pour moi qui aime particulièrement la musique, ce sont aussi des lieux du possible. On peut venir y chanter facilement, au bon vouloir du bistrotier, et de façon plus simple que dans une salle.

Si vous deviez recommander un bistrot ?

Nous avons notre quartier général avec Pierre, c'est le Vaudésir dans le 14e, car il est à deux pas de chez lui et de chez moi. On s'y retrouve souvent. Mais j'ai surtout envie de recommander tout simplement celui que chacun trouvera au coin de sa rue, toujours intéressant à observer et à vivre aux différentes heures de la journée. Entre l'ambiance du matin, l'effervescence des repas, le calme de l'après-midi, l'affluence du soir…

Ce sont ces différentes ambiances que met en avant votre exposition ?

Oui, on y voit des moments de fêtes, des moments d'échanges ou juste des moments de calme. C'est un hommage à ces femmes et ces hommes qui gardent les cafés ouverts et perpétuent la tradition. Il faut savoir que les bistrots ont tendance à disparaître. Alors qu'on dénombrait en France encore plus de 45 000 établissements au début de la décennie, leur nombre a diminué en moyenne de 2,8 % par an sur la période 2011-2016. C'est pour cela aussi que notre exposition propose des clichés pris dans les villes et villages pour que perdurent ces derniers lieux de cohésion sociale partout en France.
Journaliste de formation agricole et anthropologique, écrivain, Pierrick Bourgault (à gauche) est à côté d’Alain Fontaine président de l’association des bistrots et cafés de France. À la droite d' Alain, Pierre Josse, « vagabond professionnel », a sillonné le monde pendant 40 ans comme rédacteur en chef des Guides du Routard.
Crédit photo : Joséphine Brueder / Ville de Paris
Exposition - Au bonheur des bistrots
Adresse Grilles de l'Hôtel de Ville & Paris Rendez-Vous - 29 rue de Rivoli, Paris 4e
Date(s)Du mercredi 19 avril 2023 au mercredi 31 mai 2023

L'info en bonus : êtes-vous bien assis ?

La première chaise bistrot est devenue une vraie pépite pour les chineurs et un élément incontournable du design. C’est la fameuse chaise bistrot, ou « chaise n° 14 », inventée par Michael Thonet, ébéniste et industriel germano-autrichien, et fabriquée depuis plus de 160 ans. L'entreprise avait même imaginé ce meuble en kit facilement exportable partout avec « six éléments, deux écrous et dix vis… ».
Plus de 50 millions de chaises d’origine auraient été vendues, sans compter les innombrables copies. Alors attention, pour reconnaître une authentique, elle doit comporter sur le dessous de l’assise ou du cadre de l’assise, le logo de l’entreprise, estampillé en creux sur les anciens modèles et marqué au fer rouge sur les modèles actuels.
La chaise Thonet meuble encore les cafés parisiens comme on la voit ici, dans le restaurant le Mesturet d'Alain Fontaine.
Crédit photo : Emilie Chaix / Ville de Paris
Default Confirmation Text
Settings Text Html
Vous souhaitez suivre l'actualité de la Ville ?

Paris.fr ne fait aucun suivi publicitaire et ne collecte aucune donnée personnelle. Des cookies sont utilisés à des fins statistiques ou de fonctionnement, ainsi que d'analyse (que vous pouvez refuser ici), nous permettant d'améliorer le site en continu.

Plus d'informations