Actualité

Soulableta: la nouvelle âme musicale de la Goutte d'Or

Mise à jour le 06/12/2017
Disquaire Soulableta à la Goutte d'Or
«Qu’est-ce que vous aimez comme musique?» À cette question, Jaurès nous montre le nom de sa boutique Soulableta et répond: «Vous voyez "soul", c’est l’âme. C’est simple, j’aime la musique qui a une âme.» Jaurès est disquaire depuis six mois, au 47 rue Marcadet, au cœur de la Goutte d’Or. Nous l’avons rencontré.
« C’est un projet de longue haleine, cette installation. J’ai postulé auprès de la Siemp, avec l’aide de l’équipe du développement local. J’ai attendu un an et demi et j’ai pu avoir ce local. Je voulais être ici.» Passionné de vinyles depuis ses 14 ans, Jaurès en vend depuis quinze ans sur les marchés, les conventions ou les rendez-vous de collectionneurs. Et puis, il a décidé d’ouvrir sa propre boutique, avec Olivier, son ami du lycée, qui lui est spécialisé dans le classique.
Disquaire Soulableta à la Goutte d'Or
Disquaire Soulableta à la Goutte d'Or
Crédit photo : Delphine Arlabosse / mairie de Paris
Il a expressément choisi la Goutte d’Or où il vit, un peu plus loin, rue Myrha, depuis huit ans. « J’habite ici oui, je dis bien "j’habite" car j’adore ce quartier, j’ai tissé des liens avec les commerçants et j’ai vraiment envie de participer à la vie locale: être un "habitant". Vous voyez les gens qui vivent à un endroit et travaillent ou sortent ailleurs. Ils ne rentrent que pour dormir. Moi ce n’est pas mon cas, je vis, je "respire" Goutte d’Or. J’aime tout ici, le mouvement, la chaleur. Et puis, les regards sont bienveillants. J’ai vécu en banlieue et quand je venais à Paris avec mes potes, je sentais qu’on n’étaient pas forcément les bienvenus; on n’étaient pas chez nous et on nous le faisait comprendre, par les regards notamment. Ici, cela a été différent. Tout de suite, cela m’a fait penser à la banlieue dans le sens où il y a tout ce brassage de communautés et tous ces mélanges de cultures. Il y a un côté engagement aussi: si les gens ont des choses à dire, ils le disent. J’ai un logement rue Myrha, j’aurais adoré être dans la même rue mais ici, c’est bien aussi, c’est le côté africain du quartier. Cela me plaît. Il y a une multitude de choses à faire pour que les gens se rencontrent, discutent entre eux et aussi fassent évoluer le quartier. Quoique depuis huit ans, c’est plus la même Goutte d’Or. Énormément de boutiques ou de bars ont changé. De nouveaux arrivent mais ils n’ont pas forcément l’esprit du coin. »
Disquaire Soulableta à la Goutte d'Or
Disquaire Soulableta à la Goutte d'Or
Crédit photo : Delphine Arlabosse/ Mairie de Paris
Jaurès a un peu la nostalgie notamment d’un bar qu’il adorait, « Le Xango » mais qui a fermé depuis. Un modèle pour lui. « Un vieux brocanteur m’avait dit: quand tu arrives quelque part, il faut choisir ton bar. J’avais fini par le trouver. J’ai beaucoup appris, c’était un vrai endroit de convivialité et d’échanges. Tout le monde se parlait, il y avait une ambiance extra. C’est un peu ce que je veux faire ici aussi: organiser des rencontres avec des musiciens bien sûr, mais aussi j’adorerais qu’il y ait de la poésie, des lectures des mini-conférences, des mélanges de genres, des expositions photo, pourquoi pas ? »
Disquaire Soulableta à la Goutte d'Or
Disquaire Soulableta à la Goutte d'Or
Crédit photo : Delphine Arlabosse / Mairie de Paris
Et pourquoi que des vinyles ? Il nous répond spontanément « pour l’objet » et nous raconte comment est née sa passion alors qu’il était enfant puis adolescent. « Ma mère m’a amené de Martinique et on s’est installé dans le 94. Elle avait emporté avec elle une multitude d’albums du « pays ». Mais c’est seulement vers 14-15 ans que j’ai commencé à me passionner pour les disques. Dans les vide-greniers, j’achetais déjà «des Michael Jackson, des James Brown » parce qu’on avait une platine. Et puis un jour, je me suis mis à écouter les vinyles de ma mère, la musique des Caraïbes. J’écoutais que du rap à ce moment-là dans les années 80. Cela m’a ouvert des horizons. J’ai écouté beaucoup de reggae et après j’ai ouvert mon prisme au jazz, à la soul, j’allais en boîte écouter du funk. Et j’ai énormément voyagé avec Olivier, mon ami associé, qui faisait des compétitions de skate. Je l’ai suivi en Europe, en Afrique et dans ces voyages-là, je cherchais de la musique. Une année, je suis allé en Pologne et j’ai rapporté des titres de jazz, des albums magnifiques, puissants. Résultat, on a une collection de vinyles impressionnante. »
Disquaire Soulableta à la Goutte d'Or
Disquaire Soulableta à la Goutte d'Or
Crédit photo : Delphine Arlabosse Mairie de Paris
Et, en effet, le magasin est à son image: chaleureux et hétéroclite. Il propose du jazz de tous les styles, du pur rock and roll, du rock progressif psychédélique, du rock des années 80, du rock punk ou indépendant, du disco, de la musique des Antilles, d’Afrique, du rap, etc. « En fait tout m’intéresse, je n’ai pas de barrières » dit-il en riant. Et Jaurès, qui veut aussi être acteur de son quartier, diffuse des albums de musiciens qui habitent là. Ils les invitent à jouer aussi dans sa boutique, un dimanche sur deux et diffuse leur musique sur ses réseaux.
Alors, il n’y a plus qu’à piocher dans les bacs aménagés en matériaux recyclés. « C’est que du réemploi vous voyez les bacs en bois. Les bibliothèques, c’est des copains qui me les ont données.» Ici, vous pouvez aussi vendre vos disques ou « faire des échanges, c’est comme on veut » précise Jaurès, Il vend aussi des platines et il accueille chacun avec un grand sourire. Dans cette caverne de passionnés, vous ferez sûrement une belle trouvaille et assurément une belle rencontre.

Paris.fr ne fait aucun suivi publicitaire et ne collecte aucune donnée personnelle. Des cookies sont utilisés à des fins statistiques ou de fonctionnement, ainsi que d'analyse (que vous pouvez refuser ici), nous permettant d'améliorer le site en continu.

Plus d'informations