La parution des livres d’Agnès Robin et d’Anaïs Theviot permettent de poser très clairement les termes de la question : ce que le droit fait aux données et ce qui change pour la recherche. Sébastien Oliveau accompagné de Lionel Maurel les discuteront avec les autrices.
Ce que le droit fait aux données
Les données ne servent pas seulement à dénombrer les populations et à
faire des statistiques. Toujours plus nombreuses ces dernières
décennies par le recours aux outils numériques, les données sont
collectées chaque jour par millions et traitées par des algorithmes.
Elles permettent de connaître plus finement et de manière toujours plus
actualisée les caractéristiques des sociétés et des individus : manières
d’être, de vivre, et de penser. Si les informations obtenues servent
des objectifs commerciaux ou politiques, elles sont aussi des
instruments de connaissance pour les sciences humaines et sociales
elles-mêmes productrices de données.
Dans une perspective de protection toujours plus forte des individus,
la loi a encadré le prélèvement et l’usage des données individuelles,
mais aussi des données de la recherche. Comment le droit parvient-il à
protéger individus et institutions ? Quels sont les effets du droit sur
la production de données ? En retour, quel est l’impact de la loi sur
les recherches en sciences humaines et sociales ?
Par des exemples au plus près du terrain, les chercheurs·euses
invité·es exposeront ce que le droit fait aux données, et tenteront de
dégager ce que cela change à la production de connaissances.
Les intervenant.e.s
Lionel Maurel est directeur adjoint scientifique de
l’InSHS en charge de la science ouverte, de l’édition scientifique et
des données de recherche.
Sébastien Oliveau est directeur de Progedo, infrastructure nationale de recherche chargée de produire et gérer des données scientifiques.
Agnès Robin est autrice du livre Droit des données de la recherche (Éditions Larcier).
Anaïs Theviot est autrice du livre Gouverner par les données ? (ENS Éditions).
Autour de l'ouvrage "Gouverner par les données ?"
Cet ouvrage interroge le poids et l'usage des données dans les
manières de gouverner. La donnée, en ligne ou hors ligne, devient une
ressource clé de la gouvernance et représente à ce titre un enjeu
politique fort. Le travail sur les données a toujours existé, mais ce
qui change c’est la massification de ces données – retranscrite par le
terme big data –, rendue possible par le numérique. D’autant plus qu’on
laisse de nombreuses traces en ligne sans forcément s’en apercevoir. De
manière passive, nos données sont enregistrées. La donnée n’est plus
uniquement utilisée pour quantifier la société et l’observer, comme cela
était le cas avec les statistiques ou les sondages, mais aussi pour la
conduire. Les algorithmes font parler les données et permettraient alors
de « prédire » des comportements pour mieux les gouverner.