Il est seul sur scène, oui, mais plutôt par hasard. Il ne cherchait pas les feux de la rampe. Il n’avait pas prévu de se retrouver là. Enfin, pas vraiment. S’il fait face au public, c’est avec un peu de gêne. S’il danse et fait l’acrobate, c’est parce qu’il faut bien occuper l’espace, faire amitié avec le vide, répondre à l’appel des agrès. Et si la magie s’en mêle, c’est malgré lui. Ou presque. On l’a compris, le personnage incarné par le jeune virtuose suisse Marc Oosterhoff aimerait mieux ne pas. Plus anti-héros que monstre sacré, il ne veut pas s’imposer. Il n’aspire pas à « devenir quelqu’un », ne porte pas son Moi en sautoir. Il hésite, avance sans certitude. Rate, souvent. Mais, d’épreuve en épreuve, de ratage en miracle, ce réticent nous émeut et nous captive. Et l’air de rien, défie notre époque hautement contaminée par le narcissisme.