Avec un nouveau concert-spectacle autour du Quintette à deux violoncelles de Schubert, nous entrons dans l’âme du compositeur qui avance dans la dernière année de sa vie. Libéré de l’ombre du géant Beethoven disparu un an auparavant, il livre un de ses plus grands chefs-d’œuvre.
Ce
concert-spectacle éclairera les années 1827-1828, où dans le même temps
et dans la même ville de Vienne, disparaît et apparaît la voix de deux
compositeurs sacrés de la musique romantique.
Nous sommes en
1828. Schubert est à l’orée d’une reconnaissance posthume et
universelle, qui lui vaudra, d’être enterré dans le « carré des
musiciens » près de Gluck, Beethoven, Johannes Brahms, Johann Strauss et
Hugo Wolf.
En cet automne
1828, à seulement 31 ans, Schubert est un compositeur encore mal reconnu
et déjà affaibli par la maladie. Quelques jours avant sa mort, il
supplie son frère Ferdinand chez qui il vit, de réunir le quatuor
Schuppanzigh, pour entendre le 14e quatuor que Beethoven a
composé deux ans auparavant. Entièrement tendu vers cette écoute, il
sera saisi par un enthousiasme farouche, comme propulsé dans un univers
hors du temps.
Pourtant, à l’été 1828, quand Schubert compose son Quintette à deux violoncelles,
ses amis le croient libéré de l’ombre de Beethoven mort un an plus tôt,
pour faire entendre sa voix. Il vient d’achever ses plus grandes œuvres
: les Impromptus, Le Voyage d’Hiver, son deuxième Trio avec piano, les dernières sonates pour piano, Le Pâtre sur le Rocher…
À l’opposé de la
figure du héros romantique de Beethoven, Schubert incarne celle de
l’anti-héros qui lui vaudra d’être admiré de Liszt, Schumann ou encore
Brahms.
Deux visions du
romantisme, que feront entendre les jeunes talents du Centre de musique
de chambre de Paris, grimés de blanc, dans un univers hors du temps, où
la création ne semble pouvoir se manifester que dans une lumière
blanche, synthèse des couleurs du monde.