À l’ombre de la
République, dans le vacarme des dialectes, des anonymes franchissent
inlassablement les frontières de l’altérité. Nadesh, Chérif et Anamiga
font partie de ces interprètes innombrables qui, chaque jour, racontent à
la première personne l’exil et la précarité. Leurs voix tissent un lien
invisible entre l’ici et l’ailleurs, entre le monde des vivants et les
ténèbres de la condition migratoire, qu’ils ont pour la plupart
eux-mêmes traversées. Sans eux, le dialogue serait impossible. Il ne
resterait que des mots inaudibles, des murmures, des râles, des cris,
des prières. Et finalement rien, rien qu’un silence assourdissant.