Conférence par Guillaume Nahon, conservateur général du patrimoine, directeur des Archives de Paris, en association avec la Société de l'histoire de Paris et de l'Île-de-France.
Comme de nombreuses paroisses de la banlieue, le village du Grand Charonne est un lieu de villégiature prisé des élites parisiennes dès le Moyen Âge. Le phénomène est bien documenté à partir du XVIIe siècle et les sources des XVIIIe et XIXe siècles permettent de le mesurer avec précision. Il atteint son apogée à la fin de l’Ancien Régime. « La situation de ce village sur la pente d’un coteau fait que l’on y voit de jolies maisons de campagne », nous dit Thiéry dans son Guide des amateurs et des étrangers voyageurs à Paris, publié en 1787. On y dénombre alors près d’une trentaine de maisons qui, avec leurs jardins clos, occupent la majeure partie de l’agglomération villageoise. Le plus souvent construites sur des parcelles initialement destinées à l’habitat et à l’exploitation agricoles, elles disparaissent progressivement à partir de la Révolution, à la faveur d’un mouvement que l’on pourrait qualifier de « reconquête horticole ».