Les clichés de professionnels ou d'amateurs conservés à la Bibliothèque de l'Hôtel de Ville (BHdV) sont d'extraordinaires invitations au voyage à travers l'espace et… le temps. Il apparaît ainsi tout naturel qu'ils soient exposés à la Bibliothèque du tourisme et des voyages (BTV) ! C'est une sélection de 45 fac-similés qui sont à découvrir, sur support papier ou transparent, du 14 septembre au 16 novembre 2024.
À
côté de ses photographies parisiennes, la BHdV conserve plusieurs centaines de
vues prises par des photographes professionnels et amateurs sur les cinq
continents. Si leur intérêt premier est de permettre des comparaisons entre
grandes villes en matière d’urbanisme, elles n’en offrent pas moins la
possibilité d’une lecture plus divertissante axée sur le thème du tourisme et
des voyages.
Voyages
et photographie sont, d’ailleurs, tous deux les enfants de la révolution
industrielle du XIXe siècle. Ainsi, le train démocratisa la pratique
du « Grand Tour » qu’accomplissaient les jeunes gens en Europe
méridionale au siècle précédent jusqu’à l’avènement d’un tourisme de masse,
grandement facilité ensuite par l’avion. Quant à la photographie, avec
l’apparition du métier de photographe et les améliorations techniques
simplifiant la prise de vue en extérieur, elle vint remplacer les
« veduti » (les « vues », petits tableaux) et les estampes
rapportées par le voyageur en souvenir de ses lieux de villégiature et de leurs
paysages.
Désormais
vendues aussi dans les gares et les hôtels, se déclinant au cours du XIXe
siècle en vues de tous formats (stéréoscopiques, carte de visite ou carte album
jusqu’à la carte postale photographique ou imprimée, pour les plus petits
d’entre eux) et diffusées également par la presse, ces photographies de
professionnels, comme Charles Nettleton, William Notman ou les fratelli Alinari,
furent rapidement concurrencées par l’activité des photographes amateurs. Paul
Lhuillier, médecin, et Georges Chevrier, officier, emportèrent, ainsi, dans
leurs pérégrinations des appareils miniaturisés et d’emploi facile qui leur
permirent de réaliser des photographies instantanées particulièrement vivantes,
P. Lhuillier développant même ses négatifs chez lui.
Réalisée
par un amateur ou achetée pour être conservée, montrée, projetée ou envoyée, la
photographie-souvenir voyage elle-aussi, jusqu’à offrir à son spectateur la
possibilité de visiter le monde sans quitter son fauteuil.
Mais ne donne-t-elle
pas quand même, in fine, l’envie de
faire sa valise et de larguer les amarres ?