ALIXOLOGY annonce la genèse d’une ère
nouvelle.
Alix de Castilla nous livre ici une série infiniment personnelle où les éléments constitutifs de l’oeuvre présentée symbolisent la spontanéité et
le caractère irréversible de la création. Le
mouvement qui conduit à chaque geste créatif, à chaque toile, restera un acte
unique. Après avoir travaillé quinze ans dans le design, elle a eu un besoin
viscéral de s’éloigner de ces
outils numériques qui corrigent, effacent et remanient. La nécessité de se confronter à la matière a été primordiale dans sa démarche.
Le tissu ancien qu’elle
utilise pour peindre est plein d’imperfections, d’irrégularités, de traces, les objets ont été oubliés
ou abandonnés, l’encre matière vivante entre toutes, se dévoile dans son
immédiateté, tout ici ramène à la vie et à la matière. L’encre coule et s’exprime
au delà de l’artiste. Elle a
sa propre existence qui s’inscrit dans l’infini. Une tache est une erreur, donc par là même,
unique. Une liberté retrouvée, profonde, est sécrétée dans ces juxtapositions
de matières et de formes. « Ce qui est surtout nécessaire pour qu’un ouvrage soit poétique dans son essence, c’est qu’il
soit produit d’un seul jet, que
l’esprit en détermine la forme, et que la forme
y soit l’expression de l’esprit » (A.
W. Schlegel, Cours de littérature dramatique, 1814).
Il n’y a pas de sujet principal, il n’y a pas de préparation de composition. Toute
la démarche artistique se construit à partir de la gestuelle impulsive et irréversible.
Alix de Castilla coordonne son geste sur la richesse des émotions humaines. L’encre relève de l’impulsivité enfantine et de la rage, le cadre en dégradé
est l’obstination adulte, le fruit d’une « co-intelligence des contraires »,
l’une des expressions de Marcel Duchamp. L’objet hyper figuratif, c’est
la contemplation et l’apaisement, à l’approche de la mort.
L’acte pictural
porte un regard sur le divin. Entres les trois étapes de construction de l’oeuvre, l’oeil de l’artiste
pose sa vision du monde. D’abord sur les
taches abstraites dans lequel on peut plonger dans un désir d’éternité, ensuite
sur les cadres colorés où le
moment se fige et on apprécie la finitude de la vie, et enfin sur l’objet symbole - coquillage, bois, os, plume -
qui nous aide à voir des signes divins dans les plus petites choses de la vie.