Trab'ssahl signifie en hassanya, la « terre de l’ouest » et désigne une large part du territoire sahraoui. C’est là, sur cette terre, dans cette langue, dans l’histoire largement ignorée d’un conflit ininterrompu depuis près de 50 ans, entre souveraineté et autonomie, que s’ancre le travail d’Abdessamad El Montassir. « Tout ce que nous avons vécu, nous ne pouvons le dire. Interroge les ruines, interroge le désert et ses plantes épineuses. Ils ont tout vu et tout vécu, ils sont restés sur les lieux. Nous, nous n’avons plus les mots. » Ces paroles sont celles de Khadija qui a quitté sa vie nomade pour la ville en 1975. Puissantes bien que désœuvrées, elles énoncent pour Abdessamad El Montassir un programme qu’il mène depuis 2015 : comment montrer ce qui ne peut se voir, comment écouter ce qui ne peut se dire ? Qu’advient-il des mémoires empêchées, confisquées ? Quelle forme donner à l’oubli ? En réponse à l’amnésie collective qui hante le Sahara au sud du Maroc, Abdessamad El Montassir propose d’écouter les paroles silenciées, la poésie résistante, les vents et le sable, la toponymie, d’observer les plantes résilientes et partout d’y déceler les indices d’une mémoire traumatique. Qu’il s’agisse de voix humaines ou non-humaines, elles se font les témoins même partiels auprès de celles et ceux qui sauront les entendre.
L’exposition reçoit le soutien de l’ADAGP – société française des auteurs des arts visuels dans le cadre de la bourse de recherche ADAGP / Bétonsalon dont la Bibliothèque Kandinsky, Centre Pompidou est partenaire ; du programme de résidences internationales au Centre d’accueil et d’échanges des Récollets de la Ville de Paris ; de l’Akademie Schloss Solitude, Stuttgart et de la Maison Salvan, Labège.