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Entretien avec le réalisateur de «La plus belle ville du monde»

Mise à jour le 02/01/2017
Chassée de la cité il y a 2 000 ans, la vie sauvage est de retour à Paris. C’est sur ce thème que Frédéric Fougea a réalisé le film «La plus belle ville du monde», un docu-fiction sur la foisonnante biodiversité parisienne. Interview.
Faucons pèlerins, papillons bombyx, oies cendrées, renards, canards, pigeons, castors… Des milliers d'animaux viennent s'installer dans la capitale ou y faire escale. Frédéric Fougea s'est penché sur la vie de ces animaux au sein de «La plus belle ville du monde»* pour nous raconter de fascinantes histoires.

*Diffusion du film sur M6 le 1er janvier 2017 à 21h, suivi à 22h45 du documentaire «Les secrets de la plus belle ville du monde».

Film La plus belle ville du monde
Le réalisateur Frédéric Fougea
Crédit photo : Emilie Chaix / Mairie de Paris

«La plus belle ville du monde» n'est pas uniquement un film sur Paris…

C’est un conte qui nous parle d'un Paris vu par les animaux. Des animaux qui se cachent, nous observent et sont bien plus conscients de notre présence que nous de la leur! C’est un film qui m’a demandé six mois de préparation et un an et demi de tournage, il dure 92 minutes, contient près de 300 plans d’effets spéciaux et c’est la voix magique et ensorcelante d’Audrey Fleurot qui nous narre ce conte.

Comment vous en est venue l'idée?

C'est venu à la suite de mon précédent film: «Le plus beau pays du monde», dans lequel je m'étais intéressé à notre patrimoine naturel en lien avec l'homme. Depuis toujours, je suis passionné par le rapport de l’homme à la nature. J’habite sur une péniche depuis peu et je me suis rendu compte du nombre d’animaux vivant sur les berges de Seine : cygnes, canards, poissons, oiseaux migrateurs… J’ai alors pensé à me promener dans les différents parcs de la capitale et j’ai vu là des animaux auxquels je ne m'attendais pas : des myocastors, des oies cendrées… Si nous, humains, souffrons du bruit, de la pollution et des températures, je me suis alors demandé comment ces animaux sauvages ont eu l’idée de s’installer en ville. Là-dessus, la chaîne M6 m’a demandé un grand projet et je leur ai proposé l’histoire de la vie sauvage entre nos murs.

Les animaux sont donc les acteurs du film?

Oui! Parmi les histoires racontées il y a celle de cette oie à tête barrée, une oie asiatique, que j’ai découverte au Bois de Boulogne et qui vit là avec des oies américaines. Nous les avons suivies et nous avons écrit une histoire un peu romancée sur leur probable rencontre. Tout ce que nous racontons est plausible mais nous n’avons pas tout vu.

Renardeau égaré dans la ville
Photo film La plus belle ville du monde
Crédit photo : Boreales – Winds – TMFS – B Media Developpement 2016

Est-ce que le tournage a été compliqué avec ces différents animaux?

C’est comme au cinéma, nous avons des doublures! Pour filmer l’histoire de cette oie à tête barrée, nous avions besoin d’une oie asiatique qui n’ait pas peur de nous. Nous en avons imprégné une dans l'œuf, dès sa naissance nous l’avons faite vivre avec nous, nous l’avons habituée à suivre un bateau sur la Seine, à suivre un ULM, ce qui nous a permis de mettre en scène des moments de vie réels de l’oie asiatique. Donc dans le film nous avons des plans mélangés, des plans filmés plutôt de loin avec la véritable oie à tête barrée et d’autres mis en scène avec sa doublure.

Quelle histoire vous a le plus marqué parmi celles que vous racontez?

Celle de cette oie, petite chinoise migrante, sans doute importée d’Asie, qui arrive à Paris et doit faire face à de nouvelles situations comme celle de vivre dans une grande ville. D’ailleurs pour l’anecdote, la doublure que nous avons imprégnée dès sa naissance vit désormais avec moi sur la péniche, elle me suit partout, c’est comme un chien volant! Mais c'est aussi un oiseau gracieux qui vole tout de même à 10.000 mètres d’altitude. J’ai aussi été beaucoup impressionné par l’histoire du bombyx, ce papillon japonais qui n’a réussi à survivre qu’à Paris et qui envoie des messages chimiques pour attirer son prince charmant. Que ça puisse avoir lieu dans une grande ville c’est encore plus étonnant.

Que souhaitez-vous transmettre au spectateur?

Ce film renvoie à notre rapport à la nature, à ce que nous avons voulu faire pendant 2.000 ans en s’extrayant de la nature, en affirmant que l’homme n’était pas un animal. Et puis il a fallu tout ce temps pour se rendre compte que nous ne pouvons pas vivre sans ce milieu naturel autour de nous, nous sommes interdépendants. Quand on supprime nos interactions avec la nature, on s’aperçoit que les hommes vont moins bien, ils vieillissent moins longtemps, sont déprimés… Donc l’homme sans les plantes et les animaux n’est pas accompli. C’est pour ça qu’à côté de nos appartements il faut que nous ayons des arbres, des insectes, des animaux… Aujourd’hui il s'agit de tout faire pour rétablir le lien avec la nature.

Est-ce que réaliser ce film a changé votre vision de Paris?

Quand on filme la nature à Paris, on ne regarde pas au même endroit. Aujourd’hui, que je sois en voiture, à pied, en transport public, je vois des animaux, des plantes que je ne voyais pas avant et j’espère que ce film va changer le regard de beaucoup de Parisiens et les émerveiller.

Un livre tiré du film

En suivant le déroulé du film et ses histoires tour à tour émouvantes, fascinantes ou cocasses, le livre «La plus belle ville du monde, La vie sauvage à Paris», de Frédéric Fougea et Catherine Sauvat, accompagne le film en donnant des éclairages scientifiques sur les espèces, ainsi que de nouvelles perspectives sur Paris, son histoire et ses projets futurs. Éditions de La Martinière, 192 pages, 32€.
Couverture livre La plus belle ville du monde
Crédit photo : 2016 SND. Tous droits réservés

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