Focus

Dans les coulisses de la piscine de la Butte-aux-Cailles

Mise à jour le 14/02/2019
Se baigner dans un lieu classé aux Monuments historiques reste toujours une expérience singulière. Suivez-nous dans les coulisses d’une piscine publique où l’on nage en extérieur été comme hiver et où les réalisateurs de films se bousculent pour y tourner.
Il est à peine 9 heures en cette matinée glaciale de février, et déjà une dizaine de baigneurs enchaînent les longueurs… en extérieur. Rien d'insensé, l'eau étant chauffée grâce à un système innovant et unique, mais le contraste est saisissant avec la rue visible en contrebas, où les passants se hâtent emmitouflés dans leurs habits d’hiver. La scène, étonnante, résume bien l’esprit de la piscine de la Butte-aux-Cailles. Insolite, le lieu l’est depuis son ouverture voilà près d’un siècle, en 1924. À commencer par le choix de son emplacement, au-dessus d’un puits artésien d’eau chaude.
Son architecte, lui non plus, n’a rien de commun. Ancien étudiant des Beaux-Arts à la fin du XIXe siècle, Louis Bonnier se passionne pour l’art nouveau. Sa piscine sera unique, toute en courbes, jouant avec la lumière, utilisant des matériaux modernes pour l’époque comme le béton armé. L’architecte de la Ville va même plus loin. « La Butte-aux-Cailles ressemble à une cathédrale, s’en amuse Guy Pellegrin, son directeur. Le bassin occupe la place de la nef et nos bureaux surélevés celle de l’orgue, mais on y trouve aussi un presbytère, des arcs-boutants et un campanile ».
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Piscine du 7e art

Celle qui fut à sa création la troisième piscine publique construite à Paris entre aux Monuments historiques en 1990. Progressivement, elle n’attire plus uniquement les nageurs, mais les amoureux du patrimoine… et les touristes. « Nous avons beaucoup d’étrangers qui viennent ici se baigner car c’est indiqué dans les guides », sourit Guy Pellegrin, qui multiplie par ailleurs les événements festifs, notamment en nocturne, pour diversifier son public. Le cinéma s’entiche lui aussi du lieu – des scènes du Grand Bain de Gilles Lellouche, sorti en 2018, y ont été tournées. Près d’une vingtaine de tournages de films, clips, pubs ou séries TV y ont lieu désormais chaque année.
Dans les années 50, c’est dans ses sous-sols que le 7e art y avait ses quartiers. Les caves en briques servaient de décor aux films noirs avec Lino Ventura et Jean Gabin. Rien d’étonnant, tant cet espace inaccessible au public recèle de curiosités, des vestiges des rails qui servaient à transporter les wagons plein de charbon jusqu’aux chaudières, en passant par la forêt de piliers qui supportent le bassin intérieur. Tout une infrastructure difficile à imaginer quelques mètres plus haut, lorsque l’on barbote dans l’eau.
Bienvenue aux aquaphobes

Une personne sur cinq aurait peur de l’eau. À un degré variable, cette phobie peut aller de la simple appréhension à l’idée de se noyer à la crise d’angoisse dès que l’on s’éloigne du bord. Pour lutter contre cette peur, la piscine de la Butte-aux-Cailles propose tous les vendredis des cours d’aquaphobie. Dispensés par Laetitia, maître-nageuse de la Ville, ils se tiennent par petits groupes de 6-8 personnes. Les exercices d’immersion, de flottaison et de respiration ont pour but de redonner confiance après un événement traumatisant survenu souvent dans l’enfance. Et par la même occasion, de retrouver du plaisir à se baigner seul ou avec ses proches.

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