Focus

Accueil et intégration des réfugiés à Paris

Mise à jour le 17/12/2021
Atelier de conversation en français
Paris a toujours été une ville accueillante, solidaire et fière de sa diversité culturelle. En adoptant le Plan de mobilisation de la communauté de Paris pour l’accueil des réfugiés en octobre 2015, la Ville s’est engagée à accueillir et intégrer au mieux les personnes venues, seules ou en famille, chercher refuge sur son territoire.
Cet engagement repose sur le principe que la réponse aux besoins fondamentaux des exilés les plus précaires et leur intégration dans la Cité constituent, non pas des étapes successives, mais les deux dimensions indissociables d’une politique d’accueil digne, de qualité et qui s’inscrit dans la durée.

La mobilisation de la Ville pour l’accueil et l’intégration des réfugiés

Historique et présentation

L’accueil des demandeurs d’asile relève par nature des compétences de l’État. Toutefois la Ville s’est engagée au-delà de ses champs traditionnels d’intervention dès l’apparition des premiers campements d’exilés en 2015, premiers signes d’une crise humanitaire qui se poursuit encore aujourd’hui, avec une part toujours conséquente de demandeurs d’asile en errance, n’ayant pas accès au Dispositif national d’accueil.
De nombreuses initiatives citoyennes, spontanées, ont émergé et, autour de cet élan de solidarité s’est progressivement développée la mobilisation de Paris pour l’accueil des réfugiés, en lien étroit avec les institutions publiques concernées et les associations de solidarité. Le plan de mobilisation de la communauté de Paris pour l’accueil des réfugiés adopté à l’unanimité par le Conseil de Paris en octobre 2015 réunit une centaine de partenaires (institutions, associations, fondations, universitaires, chercheurs, etc.).
Le plan de mobilisation de la communauté de Paris pour l’accueil des réfugiés adopté à l’unanimité par le Conseil de Paris en octobre 2015 réunit une centaine de partenaires (institutions, associations, fondations, universitaires, chercheurs, etc.)
Le document « bilan et perspectives 2015-2019 » publié à l’occasion de la Journée mondiale des réfugiés, le 20 juin 2019, recense les nombreux dispositifs et services mis en place ou soutenus par l’ensemble des directions de la Ville.

La Maison des réfugiés

Réfugié LGBT
Crédit photo : François Grunberg/ Ville de Paris
La Maison des réfugiés a ouvert ses portes au public en novembre 2019 dans le 14e arrondissement, au 50-62 boulevard Jourdan, au rez-de-chaussée d’un centre d’hébergement d’urgence provisoire géré par Emmaüs Solidarité.
Lieu de formation, de débats et de recherche, lieu culturel, ouvert à toutes et tous, la Maison des réfugiés a rapidement proposé dans ses salles des cours de français, dispensés notamment par les lauréats de l’appel à projets de la Ville REFUG.
De nombreux événements festifs et culturels (concerts, expositions), des ateliers artistiques et séances de sport sont également au programme. Sur le volet intégration professionnelle, la Maison des réfugiés travaille avec plusieurs partenaires qui assurent des séquences d’information collective ou des permanences d’accueil individuel.
En 2020, bien qu’elle ait souffert de la crise sanitaire comme tous les lieux de convivialité, la Maison des réfugiés a réussi à maintenir une programmation riche et diversifiée, en coordonnant les activités proposées par ses 34 partenaires, dans les cinq axes d’intervention suivants :
  • Accueil et accompagnement social individualisé (4 partenaires, 466 participations).
  • Apprentissage du français (11 associations, 316 séances, 265 apprenantes et apprenants).
  • Insertion professionnelle (9 partenaires, 295 interventions, près de 500 personnes concernées).
  • Citoyenneté par la culture, le sport et les rencontres (13 partenaires, 1260 participations mixtes Parisiens et réfugiés).
  • Accompagnement des femmes (5 associations, une centaine de femmes concernées).

Mobilisation au sein des réseaux de villes

Les villes françaises et européennes sont confrontées, bien qu’à des échelles différentes, à des défis similaires en matière d’accueil des réfugiés. Aussi la Ville de Paris participe-t-elle aux réflexions et au plaidoyer en faveur d’un accueil plus digne et solidaire des exilés au sein de plusieurs réseaux de collectivités locales. La mobilisation des instances locales est un levier d’action puissant dans le dialogue avec les autorités nationales et supranationales pour contribuer à une meilleure prise en compte des besoins des exilés, en s’appuyant sur l’expérience et l’expertise acquises au niveau local.
Ainsi, la Ville de Paris a adhéré en 2019 à l’Association nationale des villes et territoires accueillants (ANVITA) qui a pour objectif :
  • la mise en commun et les échanges en matière de politiques municipales d'accueil ;
  • l’accompagnement et la mise en relation des élus souhaitant accueillir, par la mise à disposition d'outils et la diffusion de bonnes pratiques ;
  • la mobilisation des élus sur des positionnements politiques communs autour des enjeux liés aux migrations ;
Par ailleurs, au sein du réseau de villes européennes EUROCITIES, Paris contribue aux travaux du groupe Intégration et migration et participe au projet de coopération CONNECTION (CONNEcting Cities Towards Integration actiON) financé par l'Union européenne et qui réunit 14 villes de 12 États membres de l’UE dans le but de développer l'apprentissage mutuel et les échanges de bonnes pratiques sur la façon de concevoir et de mener des politiques d'intégration.
Avec Turin, Thessalonique et Zagreb/, Paris s’attache plus spécifiquement à répondre à la question « Comment élaborer une approche stratégique en matière d'intégration, de participation et d'interaction ? »

Soutien aux associations

La Ville soutient de très nombreux projets et dispositifs associatifs favorisant l’accueil et l’intégration des réfugiés. Ainsi, en 2021, le Service de prévention et de lutte contre les exclusions a consacré près de 5,4M€ au fonctionnement de 55 structures ou programmes très diversifiés.

Les dispositifs parisiens d’accueil et d’intégration des réfugiés

L'hébergement

Centre d'hébergement d'Ivry
Crédit photo : © Jean-Baptiste Gurliat / Ville de Paris

Le CHUm d’Ivry

Le Centre d’hébergement d’urgence pour migrants (CHUM) de Paris-Ivry accueille, depuis janvier 2017, des familles, femmes seules et couples demandeurs d’asile, dès leur arrivée à Paris et jusqu’à ce qu’une solution d’hébergement pérenne et adaptée leur soit proposée. Le centre, géré par Emmaüs Solidarité, dispose de 400 places pour demandeurs d’asile et 50 places pour des familles Rom d’Ivry inscrites dans un parcours d’insertion. Son école intégrée (avec des professeurs détachés de l’Éducation nationale) et son Pôle santé (géré par le Samu social de Paris) permettent aux personnes accueillies de bénéficier d’un accompagnement global, dans un espace sécurisant où elles peuvent progressivement reprendre confiance, après un parcours d’exil éprouvant, et envisager un avenir pour elles et leurs familles.
En 2020, 1 160 personnes ont été hébergées au titre de l’asile, dont 284 familles (502 mineurs), 162 femmes isolées et 32 couples. Les personnes sont majoritairement originaires d’Afrique de l’Est (Somalie, Érythrée, Éthiopie, Soudan…), d’Afrique de l’Ouest (notamment Côte d’Ivoire) et d’Asie du Sud-est (Afghanistan, Pakistan).
Famille dans le Centre d'hébergement d'Ivry
Crédit photo : © Jean-Baptiste Gurliat / Ville de Paris

L’hébergement citoyen

La Ville soutient plusieurs associations qui gèrent des programmes d’hébergement solidaire de demandeurs d’asile et réfugiés chez des particuliers.

La mise à disposition de locaux du domaine intercalaire de la Ville

La Ville soutient également divers projets d’hébergement dits « intercalaire ».
Pour une durée allant de quelques mois à plusieurs années, des bâtiments en attente de travaux et de restructuration (anciens immeubles de logements, locaux d'activités, hôtels…) peuvent être occupés afin de créer des places d’hébergement temporaire.
Le centre d’hébergement de la rue d’Aboukir, géré par Emmaüs Solidarité (140 places jusqu’en 2023) ou celui situé à Excelmans (250 places jusqu’en 2022) sont des exemples des dispositifs à l’œuvre.

Les dispositifs de premier accueil

La maraude migrants

La maraude migrants de France Terre d’Asile (FTDA) a pour objectif d’identifier, d’évaluer et d’informer les personnes exilées sans domicile fixe à Paris, de leur proposer des orientations adaptées et de les accompagner dans leurs démarches. Créée dès 2016, et renforcée en avril 2018 suite à la fermeture du Centre de premier accueil, elle assure une présence sur le terrain 7j/7 et 365 jours par an, en alternant maraudes pédestres et véhiculées (Bus de la solidarité).
En 2020, 2 766 personnes, dont 41% en famille, ont été rencontrées et ont fait l’objet d’un diagnostic de la part de la maraude. Depuis mai 2019, l’équipe de la maraude est par ailleurs un partenaire majeur de la Halte humanitaire où elle tient des permanences sociales, juridiques et administratives.
La Fondation de l’Armée du Salut a créé la Halte humanitaire avec le soutien de la Ville, en mai 2019. À l’origine espace de repos, d’hygiène et de premiers soins situé avenue de la Porte de la Chapelle, à proximité immédiate des campements entre Paris et Saint-Denis, la Halte a rapidement mis en place, grâce aux nombreux partenaires associés au projet et avec l’appui de bénévoles, des consultations médicales quotidiennes, des permanences sociales et juridiques puis des entretiens de soutien psychologique.
La mise à disposition à titre gratuit des locaux par la Compagnie de Phalsbourg a permis l’accueil du public sur ce site jusqu’au 11 octobre 2020. Pour permettre à la Fondation de poursuivre son action auprès des publics migrants et réfugiés en errance à Paris, la Ville lui a mis à disposition en novembre 2020 une partie des espaces libérés dans l’ancienne Mairie du 1er arrondissement où ont été installés cinq blocs sanitaires et aménagés des salles de repos et des espaces de consultation individuelle.
Dans cette nouvelle configuration, une équipe mobile vient compléter le dispositif pour informer les personnes rencontrées dans la rue et dans les campements de l’existence de la Halte et y accompagner les plus vulnérables d’entre eux. L’équipe mobile assure également l’orientation vers d’autres services de première nécessité, notamment les restaurants solidaires ou les bains-douches parisiens.

La Halte humanitaire

La Halte humanitaire est ouverte 7 jours sur 7 de 9h à 18h et peut accueillir entre 40 et 50 personnes simultanément. L’équipe de la Halte accueille et informe les personnes qui se présentent par elles-mêmes ou sur orientation, gère l’espace hygiène et coordonne les interventions des nombreux partenaires engagés dans le projet à ses côtés. Elle organise également des cours de français pour lesquels une trentaine de bénévoles se relaient tout au long de la semaine.
En 2020, ce dispositif a permis l’accueil d’une centaine de migrants chaque jour (un total de 30 000 douches, 5 500 cycles de machine à laver, 1 760 consultations médicales, 1 145 consultations sociales, 86 ateliers d’artistes et 106 cours de français ont été réalisés)

Le soutien psychologique

Les personnes exilées sont souvent fragilisées par les violences et traumatismes subis dans leur pays d’origine ou sur leur parcours. Aussi l’état de santé mentale et psychique des réfugiés est-il de plus en plus préoccupant ; les professionnels font part d’une augmentation des états anxieux et dépressifs, des phénomènes de décompression et passages à l’acte, aggravés par l’errance, les ruptures de parcours et la longueur des procédures. Cette fragilité reste parfois latente pendant toute la période de demande d’asile pour finalement ressurgir au moment où la procédure aboutit, mettant en péril les parcours d’intégration. La Ville de Paris contribue au financement de trois associations spécialisées dans le soutien psychologique des exilés :
  • le Centre Primo Levi pour son programme d’accompagnement pluridisciplinaire des personnes victimes de graves traumatismes liés à l’exil ; Primo Levi associe à la prise en charge psychologique des soins médicaux et paramédicaux ainsi qu’un suivi social et juridique, avec l’aide d’interprètes professionnels en tant que de besoin. Le Centre a reçu en 2020 412 patients (81% adultes, 19% mineurs).
  • Traces Réseau Clinique International pour son activité psychothérapeutique auprès de réfugiés souffrant de traumatismes provoqués par la guerre, la torture ou la violence politique
  • Le Chêne et l’Hibiscus qui assurent plusieurs permanences d’écoute et de consultations psy au sein de la Halte humanitaire.

L’accueil de jour pour les familles et femmes isolées en demande d’asile

Ouvert le 1er avril 2018 dans des locaux situés 3 rue Lesdiguières à Paris Centre, l’accueil de jour Henri IV a pris le relais du Centre de premier accueil (CPA) Porte de la Chapelle pour les familles, femmes isolées et couples.
En 2020, alors même que l’accueil de jour a dû adapter son fonctionnement à la crise sanitaire et limiter à 20 le nombre de personnes accueillies simultanément, un total de 1 556 nouveaux ménages vulnérables ont été reçus, représentant 3 380 personnes (2041 adultes et 1 339 enfants, dont 431 de moins de 3 ans).
Le 27 avril 2021, l’accueil de jour est installé dans de nouveaux locaux rue d’Aboukir (Paris 2e). Ces nouveaux locaux peuvent accueillir jusqu’à 100 personnes ; ils comprennent un espace hygiène et bien-être, une salle de repos, une plate-forme d’évaluation et d’orientation (travailleurs sociaux et permanence juridique) et une salle de réunion pour l’équipe et les partenaires.

L’intégration socio-professionnelle

Compte tenu de l’importance d’investir le champ de la formation et de l’accompagnement vers l’emploi ou l’entreprenariat le plus en amont possible dans les parcours d’intégration, la Ville soutient plusieurs programmes d’insertion sociale et professionnelle, notamment :
  • l’Atelier des Artistes en Exil (aa-e), qui accompagne des artistes de toutes origines, toutes disciplines confondues, en les aidant dans leurs démarches quotidiennes, mais aussi en leur donnant les moyens de développer leur pratique artistique et de construire leur projet professionnel ;
  • la Fabrique Nomade pour son programme certifiant de neuf mois qui permet à des artisan.es d’art, doté.es d’un savoir-faire et d’expériences acquises dans leur pays d’origine, de faire valoir leurs compétences en France et développer un projet professionnel. En 2021, Fabrique Nomade souhaite diversifier son activité et augmenter le nombre de ses bénéficiaires en ouvrant le premier chantier d’insertion parisien spécialisé dans les métiers de la couture ;
  • l’association Kodiko pour son programme d’accompagnement vers l’insertion professionnelle fondé sur un travail personnalisé de mentorat en binôme, entre personnes réfugiées et salarié.es d’entreprises partenaires et un accompagnement collectif complémentaire ;
  • l’association LTF (anciennement Light Towards Future) pour le développement de son programme visant à faire de la période de demande d’asile une période constructive et bénéfique pour faciliter et accélérer l’insertion professionnelle (ateliers collectifs et accompagnement individuel).

Informations pratiques pour les réfugiés et toutes celles et ceux qui leur viennent en aide

Le Guide d’information pour les personnes exilées à Paris, WATIZAT, guide imprimé et accessible en ligne permet de disposer d’une information claire et de qualité, constamment vérifiée et actualisée, sur la procédure d’asile et les dispositifs d’accueil et d’accompagnement auxquels les exilés peuvent s’adresser. La mise à jour mensuelle permet une grande réactivité ; Watizat a ainsi largement contribué à l’information liée à la crise sanitaire. La disponibilité du guide en cinq langues (français, anglais, arabe, pachto, dari) en fait une source d’information particulièrement appréciée des réfugiés comme des personnes, bénévoles ou professionnelles, qui les accompagnent.
Le guide Solidarité à Paris a été conçu et réalisé pour répondre aux difficultés que les personnes en grande précarité ou sans domicile fixe rencontrent dans leur vie quotidienne.
L'apprentissage du français est indispensable à l'intégration de toutes et tous, indépendamment de l'origine ou de la nationalité. La Ville de Paris en a fait une priorité. Chaque personne doit pouvoir trouver la formation qui l'amènera vers une plus grande connaissance de la langue et donc une plus grande autonomie dans la ville.

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