Issa, jeune Érythréen laissé pour mort dans la « jungle » de Calais, a perdu la mémoire. Alors que le seul élément tangible de son passé est son passeport, il entame une longue quête semée d’embûches afin d’obtenir un titre de séjour, entouré de compagnons d’infortune.
Une
chose est sûre : le public ne s’ennuie pas devant Passeport. Il faut dire qu’Alexis
Michalik a le sens du rythme. Lui seul est capable de transformer un véhicule
de police en restaurant solidaire, une bibliothèque municipale en squat
délabré, les urgences d’un hôpital en salon familial.
Sur scène, c’est un défilé de visages qui tendent à humaniser les mots « migrants » et « réfugiés » :
Issa, Érythréen qui a perdu la mémoire à Calais après une altercation ; Jeanne,
journaliste engagée qui veut aller sur le terrain ; Ali, intellectuel syrien désespérément
cynique ; Arun, cuisinier tamoul particulièrement optimiste ; Christine, mère
adoptive un peu paumée… Et d’autres encore qui vont venir nourrir Passeport.
Car chez Alexis Michalik, le
théâtre est comme un meuble à tiroirs. Mille histoires se chevauchent, s’emmêlent
pour mieux se dénouer, souvent dans les dernières minutes. Tout ça ressemble donc
à un joyeux bordel, mais c’est précisément ce qui tient le public en haleine. Malgré quelques naïvetés – qu’on
pardonne volontiers –, le propos de Passeport
reste si bouleversant et empreint d’empathie qu’on lui accorde son visa sans
hésitation…
D’une manière générale, je ne souhaite jamais écrire sur un thème, mais me fonde plutôt sur une idée ou une situation précise, qui donne ensuite naissance à l’architecture du spectacle. J’ai écrit cette nouvelle pièce en Guadeloupe, seul, après avoir mûri ses contours pendant plus d’un an et m’être longuement renseigné. Ce n’est pas un théâtre militant ou documentaire, mais une histoire humaine, qui s’adresse à tous.
Alexis Michalik
Metteur en scène